mercredi 31 décembre 2008

199. Snippet

Normally no
but sometimes
the taste of blood
in my mouth

dimanche 28 décembre 2008

198. La ligne bleue des Vosges

Montagnes et nuages
le soleil
les confond

lundi 22 décembre 2008

197. A part ça...

(Ligne 13 + colis suspect) x heure de pointe² = 10ème cercle de l'Enfer

dimanche 21 décembre 2008

196. Nightwatch

Je travaille je travaille je travaille j'ai les doigts tout brûlés de mots la musique s'est tue je me demande soudain je me demande suis-je la seule éveillée dans l'immeuble dans le quartier dans la ville non là-dehors quelqu'un crie j'ai une méduse à la base du crâne ses tentacules dans mon cerveau comme l'autre là comment s'appelle-t-il déjà Lautréamont mais lui les méduses c'était ses fesses il me semble tiens en parlant de ça je devrais me lever un peu et si j'allais me brosser les dents ce serait toujours ça de pris pour tout à l'heure curieux comme le temps est entre 0h26 et 3h53 il se compresse il s'élastique il se lucide les pensées fusent tout est très clair j'écris tout est limpide je sais que quand je me relirai demain ça n'aura aucun sens c'est assez amusant d'avoir compris un tout petit bout de vérité de l'univers pour ensuite l'oublier durant la nuit le silence presse mes tympans il en extrait un curieux tintinnabulement grêle comme une voix de moustique là dehors le petit jour non c'est une voiture dont les phares balaient ma fenêtre je voudrais bien être dans la montagne là tout de suite je ferais mieux de travailler c'est l'ouvrage qu'on ne commence pas qui dure le plus longtemps comme dirait je ne sais plus quel proverbe vaguement chinois je travaille je travaille je travaille --

J'éteins la lumière.

lundi 15 décembre 2008

195. L'hiver, ça a du bon aussi

Au creux du ventre
un petit soleil tiède --
chocolat chaud

samedi 13 décembre 2008

194. A sudden craving

For a second I long
to close my fingers on
black satin shot silk and
taffeta

jeudi 11 décembre 2008

193. Cloître Saint-Merri

Comme une eau-forte
la lumière du soir
révèle l'église

mercredi 10 décembre 2008

192. Au lieu de travailler

Le temps de faire une sieste
dans la brume et la neige
me voilà à Paris !

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NB : Non, ce message n'est pas sponsorisé par TGV/SNCF

dimanche 7 décembre 2008

191. Only in Alsace

Orange cannelle et vin chaud
une gaufre au Nutella avec aussi du sucre glace
-- c'est le marché de No-wël !

samedi 6 décembre 2008

190. En sursaut

La nuit dernière, j'ai rêvé que quelqu'un était mort

Mais c'est moi
qui suis en train de mourir
me dis-je soudain en ouvrant les yeux
Chaque jour une nouvelle strate
la lente sédimentation des nuits

je ne creuse pas ma tombe
-- je la remplis

mercredi 3 décembre 2008

189. Choses trop classe pour moi

Du rouge à lèvres vraiment rouge -- Trouver ses clés du premier coup dans son sac -- Savoir danser -- Pratiquer un art martial - ce qui est un peu la même chose, quand on y pense -- Les vrais bijoux -- Lire un bouquin en russe -- Une cape ; pas la misérable version de pélerine abâtardie qu'on essaie de nous refourguer dans les magazines de mode en ce moment, non, une véritable cape, noire, longue, lourde, ample et qui se gonfle comme une voile dans le vent ! -- Etre toujours de bonne humeur -- Les cheveux longs -- Un cocktail mimosa au petit déjeuner.

Bah, dans une autre vie, peut-être...

lundi 1 décembre 2008

188. A black kimono

Cold silk whispers
white lining against the black
getting warmer on my skin
"Cranes for happiness and pines for longevity",
said the shopkeeper
Ankles to knee rolling green and gold and silver
as I walk, unbelieving

samedi 29 novembre 2008

187. En faisant le tri

... Je suis tombée sur les bois de Nara au petit matin. Ca fait du bien.

dimanche 23 novembre 2008

186. Cold

Ce soir j'ai froid
jusqu'au bout des doigts
jusqu'au fond du coeur

mardi 18 novembre 2008

185. Rencontres du 3ème type

Une lumière bleue et verte dans l'obscurité de ma chambre
Des aliens qui me contactent ? Non : juste
mon ordinateur que j'ai oublié d'éteindre

lundi 17 novembre 2008

184. Légendes d'un romancier japonais

Ôé Kenzaburô : légendes d'un romancier japonais
Philippe Forest
Ed. Pleins Feux

"On connaît le mot célèbre de Nietzsche selon lequel 'nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité'. Mais la formule de Ôé ('survivre à la vérité') est en réalité plus profonde. Elle nous rappelle que l'art ne consiste pas à fuir le vrai, à se détourner de lui, à le laisser derrière soi, à l'oublier dans la splendeur mensongère de l'art. Elle nous dit que l'art suppose d'abord l'expérience dévastatrice du vrai, qu'il est cette tentative (contradictoire car innocente et coupable, inutile et nécessaire) pour conserver en vie et la vérité et celui qui en accepte l'épreuve".

vendredi 14 novembre 2008

183. Sortez les kleenex

Claire, qui a toujours d'excellentes idées, propose de faire le Top 5 des oeuvres filmées si déchirantes qu'on continue de pleurer même après que le générique soit passé (et même dans la rue, encore, et on repleure en rentrant chez soi tellement c'est terrible, terrible, terrible).

Alors voilà le mien, tiens. Pas par ordre croissant ni décroissant, hein, déjà que j'ai eu du mal à choisir, je ne vais pas encore m'arracher le coeur (et les cheveux) à les classer.

Donc :

1- The Hours. Epouvantable. Pleuré sans arrêt, sur Virginia Woolf, sur Ed Harris mourant, sur la créativité littéraire, sur le génie, sur les mères hystériques et dépressives, sur la beauté d'une rivière dans le soleil que l'on choisit pour se noyer, sur... bref, pleuré.

2- Les deux derniers épisodes de Fruits Basket. Ah bon sang !! Quand il enlève le bracelet ! Et aussi, après, quand elle s'enfuit dans la forêt ! Et puis quand Yuki la retrouve ! Et ensuite, avec tous les trois au bord de l'étang ! Et aussi -- quoi, c'est énervant, ce mode narratif ?

3- La Traviata, la version avec Rolando Villazon et Anna Netrenko (j'espère que c'est bien comme ça que ça s'écrit, et que je ne suis pas en train de donner le nom d'une joueuse de tennis slovaque qui n'en peut mais). Vous l'avez vu ? Chopez le DVD et regardez-le -- je vous défie de ne pas pleurer. "E tarde"... rien que d'en parler, j'en ai le frisson.

4- Babel -- ça ne m'a pas fait beaucoup pleurer, mais ça m'a brisé le coeur, alors je le mets quand même.

5- Devdas -- qui prouve que oui oui oui, on peut pleurer pendant quatre heures d'affilée. Ca vous apprendra à mettre du khôl pour faire style "je me maquille ethnique pour aller voir des films indiens". "A qui sont ces pas que j'entends ? A qui est cette ombre ?"... hmm... quelle heure il est, là ? Mon lecteur DVD est encore allumé, si je ne m'abuse... "Maar e dala, ooOooh, maar e daaala"... Mais pour en apprécier toute la quintessence, il faut aller le voir au ciné avec une petite soeur. Sinon, ça marche moins bien, voire pas du tout.

6- La fin de mon voyage au Japon. Hou là là, alors là, c'était dramatique, hein, vraiment. Quoi, "ça fait six, ça ne rentre pas dans un Top 5" et "c'est pas une oeuvre de fiction filmée" ? Et alors, ça m'a brisé le coeur, c'est ça qui compte, non ?

lundi 10 novembre 2008

182. Véridique

La clé de mon appart' en France est toute rouillée !!

dimanche 9 novembre 2008

181. Hop, une manif japonaise

Non, je rigole, c'était une fête de quartier


180. A Onta

Dans la montagne au petit matin
les pilons des potiers
grincent, gémissent et croassent

179. Sur les pentes du Mont Aso

Jaune, or, ocre, safran, kaki, rouille, paille, chromium, cadmium, pourpre, orange, roux, bordeaux, grenat, brun, flamme, écarlate, doré, améthyste, blond, topaze, bai, terre de Sienne, ambre, miel, rubis... feuille morte !

mercredi 5 novembre 2008

178. Sur la route de Kurashiki

Debout dans l'étang
l'aigrette se fiche
du feu de forêt derrière elle

mardi 4 novembre 2008

177. Harizanmai

Skin on skin
the immediate intimacy of the needle

Behind my closed eyelids I see
ink swirls slowly dissolving
in a drop of blood

A gift
for my body to remember

samedi 1 novembre 2008

176. Yûhi no ooyama ni...

Teru teru momiji...

175. Au sanctuaire d'Ise

Dark golden green
the light
the liquid
the evening smell

Gold again
the leaves the dust
hanging above the bridge
suspended in the turning
of the sun

Somewhere an invisble drum
beats once and I feel
something
loosen
around my heart

174. Le Japon, hein...

- Les corbeaux !! Les terrifiants corbeaux japonais !
- Toutes les légendes qui courent sur les toilettes japonaises sont vraies -- et plus encore.
- L'inventeur du kotatsu devrait avoir un prix Nobel.
- Les Japonaises de moins de 25 ans sont toutes complètement cinglées (et ça fait 10 jours que je suis là, alors je sais de quoi je parle, hein)
- Un bain de minuit dans une source chaude en plein air dans la montagne, difficile de faire mieux.
- Le thon de Katsuura est sans doute le meilleur au monde -- surtout quand il est cuit à la minute, avec une petite sauce à l'ail.
- Les voitures de pompier qui pimponnent et disent en plus "pardon messieurs-dames, veuillez vous écarter de notre route", c'est classe.
- Je tombe amoureuse toutes les 10... non, six... non, quatre minu... ooOooh et lui, c'est qui ??
- C'est pas chez nous qu'on verrait une policière avec des couettes.

dimanche 26 octobre 2008

173. Au Mont Fuji

Aujourd'hui dans la montagne,
le vent
l'or et le sang

vendredi 24 octobre 2008

172. Zuibun ame desu neeeeeeee

En rang sous l'auvent
nous regardons passer
les parapluies

mardi 21 octobre 2008

171. A part ça...

Je pense que mon séjour au Japon prendra une toute nouvelle dimension le jour où je me risquerai à traverser les rues.

lundi 20 octobre 2008

170. Ca, c'est fait

A peine 24 heures à Tokyo et déjà
un salaryman épuisé s'est endormi
la tête sur mon épaule

samedi 18 octobre 2008

169. Bon ben...

Je pars au Japon, là. Donc je ne sais pas trop quand sera le prochain post... mais en attendant, une chose vaut la peine d'être notée : contrairement aux deux derniers voyages, je n'ai pas besoin d'une valise entière rien que pour la pharmacie. Ca fait drôôôôôôôôle...

Allez, à la prochaine !

jeudi 16 octobre 2008

168. 10 signes qu'on est très fatiguée

- On a envie de se recoucher alors qu'on n'est même pas encore levée.
- Quand on se lave, on met du shampooing sur le gant de toilette, au lieu de gel-douche.
- Tout est flou, flou, flou.
- On s'endort dans le métro en bavant, comme le clochard qui est justement affalé deux rangées devant.
- On tape le code de sa carte bleue sur le digicode de l'immeuble.
- Pas découragée par l'expérience, on reste toute benête devant l'ascenseur en se demandant où on passe sa Carte Orange pour entrer.
- On a des envies de violence physique à la moindre personne qui vous grille la priorité dans la file à la Poste.
- On se met à pleurer à gros sanglots parce qu'il n'y a plus de crème pour se faire des carbonaraaaaaaaaaaa.
- On pousse des soupirs, oh là là, des soupirs...
- On essaie vainement d'enlever ces traces de mascara, là, sous les yeux -- avant de se rendre compte que ce sont en fait des cernes.

Et tout ça en une seule journée.

mardi 14 octobre 2008

167. A part ça... [Edit "moi faut pas me chercher"]

Les plombiers ont terminé les travaux dans la cuisine. Avoir un double évier, c'est cool. Avoir un double évier avec un robinet qui alimente les deux bacs, ça doit être vraiment cool.

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Edit à la demande générale, illustration en deux schémas explicatifs :
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Cas de figure A : la théorie

Cas de figure B : la pratique

lundi 13 octobre 2008

166. Tea time

Deux meringues
une tasse de thé vert
-- sur ma table, le doux et l'amer

dimanche 12 octobre 2008

165. The lonely song

But
This is worrying
this nothing this void this

Once I relished it
loneliness and silence
a need
it has escaped me
though still
necessary and wholesome
it is out of control it is beyond

And
I am silent now

mardi 7 octobre 2008

164. Random fact: l'annulaire

[Avertissement : cette note est d'une futilité radicale et absolue. Si vous cherchez des infos sérieuses, ou un point de vue éclairé sur la main ou l'un de ses composants, vous feriez mieux d'aller ici.]

Bon. Donc, quand je me maquille les paupières, j'utilise le plus souvent des pinceaux de tailles diverses et variées, pour faire des traits fins, pour faire des traits épais, pour faire des aplats, pour mélanger, et ainsi de suite. Mais pour estomper, quand même, il n'y a pas mieux que les doigts -- surtout pour les ombres un peu brillantes/pailletées, ça donne un aspect tout velouté-fumé-terni assez sympa.

Bref, tout ça pour dire que l'autre jour, je me suis soudain rendu compte que quand j'estompe au doigt, c'est toujours avec l'annulaire. Le lendemain, j'ai essayé avec l'index, juste pour voir -- mais ça n'allait pas, et le temps de passer à l'autre oeil, inconsciemment, j'en étais revenue à l'annulaire. Ca m'intriguait, tout de même.

Et ce week-end, que ne lis-je pas dans un quelconque magazine féminin ? Pour appliquer je ne sais quelle crème anti-rides au coin des yeux, l'article recommandait d'utiliser l'annulaire car c'est le doigt le moins fort, et par conséquent celui qui exerce la pression la plus délicate sur cette zone fragile.

Stupéfiant, non ? Mes mains, instinctivement, savent ce qui convient le mieux à mes paupières ! Ca alors !

[Je vous avais prévenus au début, hein ! Je ne veux rien entendre !]

vendredi 3 octobre 2008

163. As I fall asleep

And what will these images become,
startled from oblivion
by my reluctant memory?

Will they hover beneath the surface --
Are they shadows
ghostly wraiths
or plain cobwebs, half-forgotten?

Will they sink in the end?
Down under
where so many others lie
silent, undisturbed,
and yet not so --

Or shall restful sleep enfold them
till the end of my time?

jeudi 2 octobre 2008

162. Routine

As my thoughts stumble
along a too well-trodden path
I suddenly find a new stone
in my way

I leave it unturned
and go on to my
business as usual

lundi 29 septembre 2008

161. Choses moelleuses

Une écharpe pliée, qu'on se met sous la tête pour dormir dans le train, appuyée contre la vitre -- Une serviette posée sur le radiateur, au sortir de la douche -- Une ombre à paupières toute neuve ; bizarrement, quand il y en a plusieurs dans le même boîtier, ça ne donne pas la même impression -- Les quelques minutes de semi-inconscience, juste avant de sombrer dans le sommeil -- Le silence dans une chambre d'hôtel -- Un risotto.

Alors que j'écris tout ça, il me vient à l'esprit que je ne sais pas d'où vient "moelleux"... il y a "moelle", évidemment, mais aussi les "moellons", qui ne sont guère moelleux, justement.

Le dictionnaire étymologique que je consulte me donne le latin medulla comme origine de tout ça -- c'est-à-dire la moelle, et par extension la partie centrale, la meilleure partie de quelque chose. La mie du pain semble venir de là aussi ! On pourrait en faire un random fact...

dimanche 28 septembre 2008

160. Vie de château

Sitting outside on the steps, I see :

Men
Striding purposefully along the gravel path
Strutting around like sharp angry birds
Clambering like bears, shoulders hunched
-- as if to ward off a blow

samedi 27 septembre 2008

159. Mode /delirious/ on*

Départ Paris : 17h45 le 18/10
Arrivée Tokyo : 12h35 le 19/10

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* Sans doute aidée par le fait que j'ai de la fièvre, mal au crâne à tel point que je ne peux plus bouger la tête et environ 45 heures de sommeil en retard.
*2 Egalement, en regardant les plans fournis par l'agence, je m'aperçois soudain que je vais voir des trucs de ouf : le sanctuaire d'Ise... le mont Koya... l'avenue Nijô... Suzakumon... Hahahahaha ! Je marche sur les traces du Genji ! Je mouillerai mes manches de larmes en chantant sous la lune !!

*3 Egalement again, je vais revoir Y., mais ça, c'est une question pour plus tard.
*4 Si je n'étais pas aussi décalquée, je n'aurais jamais écrit la phrase ci-dessus. Enfin, surtout, je ne l'aurais jamais laissée... enfin, voilà... et si j'allais me coucher, moi ?

lundi 22 septembre 2008

158. The Lady of Shalott

I am half-sick of shadows, said the Lady of Shalott
-- Alfred Tennyson

________________

I am half-sick of shadows
and of their warm web squirming on my unawake skin
I yearn for the hard touch of crude realness
like a princess gone begging in her streets

Verily my stomach aches for food more bitter to chew
sweet dreams have gone stale in my bloated throat

And yet a block of unattended desires restrains my ankles

I am half-sick of shadows
the other lies comfortably entombed in their sickly-soft embrace

______________

Hahaha, Tennyson doit se retourner dans sa tombe ! Encore un fantôme littéraire au pied de mon lit...

dimanche 21 septembre 2008

157. Miscellaneous

Wrought iron and wild flowers
moutains and monsters
beasts kisses and diamond rings
-- under the everyday skin
to each his/her own

vendredi 19 septembre 2008

156. A list of Barcelona


- Manger du pan con tomate* en terrasse, en attendant que la tortilla arrive avec le jamon serrano
- Des ruelles sombres et lumineuses à la fois, où se perdre avec une découverte à chaque tournant
- Un lézard courant sur les mosaïques du Parc Güell
- Trouver la Sagrada Familia pas terrible-terrible
- Le soleil !
- Flâner dans le marché, en bavant comme Homer Simpson devant le jambon... les pastèques... les bonbons... les turrones... le jambon... les fruits de mer aliens... les oranges... le fromage... le jambon...
- Les incroyables portes, usées, patinées, écaillées, portant la trace de tous ceux qui les ont poussées
- Les cages où les oiseaux font concurrence aux artistes de rue sur les Ramblas
- Les gargouilles du Barrio Gotico
- Dévaliser Desigual, Camper et Custo (hé oui, j'ai craqué à l'aéroport)
- Ecouter les Espagnols parler comme on boit un verre de sangria

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* Ou pan de tomata, comme on l'appelle dans certains quartiers très localisés de Barcelone.

mardi 16 septembre 2008

155. Retour d'Espagne

Le soleil
sur une aile
et sur l'autre
la lune

mercredi 10 septembre 2008

154. Quelques grammes de tendresse

Je l'aime bien
ce businessman en costume-cravate qui transporte,
toute droite dans le panier de son Vélib',
une orchidée blanche

mardi 9 septembre 2008

153. Ikiningyô -- The Third Dream

And so I dream
through red and purple
light --

a flutter a whisper a warmth
spreading strange and halting
pain

It moans --
they say -- it moans

A seed has been planted in my flesh
I can feel it
slowly unfurling

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Oui, perspicaces lecteurs qui suivez sans le moindre doute la plus petite virgule que je mets en ligne, vous avez bien vu, il manque un rêve... mais il est encore moins présentable que celui-là, alors je le garde caché pour l'instant.


vendredi 5 septembre 2008

152. Contes d'Ise

Contes d'Ise
Ed. Gallimard, collection Connaissance de l'Orient
Trad. G. Renondeau

Pour résumer le début du conte, c'est un homme qui fréquente une dame habitant Gôjô (une grande avenue de Kyôto) -- enfin, qui fréquentait cette dame, puisqu'il ne peut plus la voir étant donné qu'il n'a pas le droit d'aller où elle se trouve (tout ça est très mystérieux). Et donc...

"A la première lune de l'année suivante, les pruniers étant en pleine fleur, l'homme retourna à Gôjô pour y retrouver les souvenirs chers de l'année passée. Il regarda debout, il regarda assis : rien ne ressemblait à ce qui était l'an passé. Pleurant à chaudes larmes il se coucha sur le plancher grossier jusqu'à ce que la lune descendît de l'horizon et, se remémorant le passé, il composa [ce poème] :

La lune n'est plus la même
Le printemps n'est plus
Le printemps d'autrefois
Moi seul
N'ai pas changé
.

Tels sont les vers qu'il écrivit. Lorsque l'aurore parut, pleurant, pleurant, il s'en retourna."

C'est sur ces mots que l'histoire se termine. Les Contes d'Ise, c'est une suite de très courts récits écrits on ne sait pas trop en quelle année (entre 905 et 954, en gros), par on ne sait pas trop qui. Et celui-çi me plaît énormément, je ne sais pas pourquoi -- je trouve qu'il est vraiment très japonais, tant dans le fond que dans la forme. Assez ridicule, comme point de vue, mais on ne se refait pas.

mercredi 3 septembre 2008

151. Quand j'étais petit je n'étais pas grand

Dans la rue un tout petit enfant, le bras tendu à la verticale,
essayait d'attirer l'attention de son père

Il pointe du doigt il pointe
mais rien dans le ciel rien sauf
le miracle des nuages

lundi 1 septembre 2008

150. Un vrai bas-bleu

Je suis en train de lire "Cahiers d'études japonaises : autour du Genji Monogatari"

A la fin je me lasse
des grilles des prismes des filtres --
je décide de relire
l'original

dimanche 31 août 2008

149. Devinez quoi ? Un questionnaire !

Haha, j'adore les questionnaires. Et dans celui-là, je n'ai même pas l'excuse qu'il parle de livres...

Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne
"… civilisation sans doute finno-ougrienne, où une riche nécropole a..."
Ca tape, hein ? C'est L'Empire des Steppes - Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, de René Grousset. Mais rassurez-vous, je ne l'ai pas lu. Je l'ai acheté dans un moment d'aveuglement, et puis je me suis arrêtée aux Turcs Khwarezmiens et aux Seldjouqides expirants (en Asie Mineure, au cas où vous vous poseriez la question). En fait je l'ai ressorti de la bibliothèque hier soir pour mon oncle, qui est plus calé que moi dans ces choses-là.

Sans vérifier, quelle heure est-il ?
18h15

Vérifiez ?
17h48, argh, ma p'tite horloge interne m'a trahie !

Que portez-vous ?
Un T-shirt tie&dye Z&V, mon vieux jean Gap troué au genou et euh… des sous-vêtements dépareillés car c'est le week-end.

Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?
Je faisais une recherche Google pour trouver un bouquin sur Etsuko Miura ou Yoshiko Hori

Quel bruit entendez-vous à part celui de l'ordinateur ?
Le Requiem de Fauré et des enfants qui crient dehors

Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu'avez-vous fait ?
Je suis allée manger au restaurant coréen pour mon anniv' !

Avez-vous rêvé cette nuit ?
Oui -- un cauchemar pas cool avec des gens qui criaient tout fort dans de l'air brun (don't ask)

Quand avez-vous ri la dernière fois ?

Tout à l'heure en lisant les archives du blog des Chicou-Chicou (cf. ci-contre, dans mon blogroll, car j'ai la flemme de faire un lien hypertexte).

Qu'y a-t-il sur les murs de la pièce où vous êtes ?
Houlà. Euhm… Une tenture indienne verte et rouge avec des milliers de perles… une affiche de l'expo londonienne Radical Fashion... un mandala rapporté du Tibet... un superbe poster d'un collage bleu de Matisse... 4 cartes postales : la Perséphone de Rossetti, une esquisse de Vinci, une vague de Hokusai, un paysage de Van Gogh... une photo de Marlene Dietrich de dos... une photo de Johnny Depp pour m'aider à me concentrer quand je travaille... une carte postale de je ne sais plus qui avec une jolie citation qui dit "Each of us carries the imprint of the friend met along the way, in each the trace of each, for good or evil, in wisdom or in folly, each stamped by each"... un extrait du Komachi Sôshi... et "mon mur" de souvenirs, où il y a tellement de trucs qu'on y serait encore demain.

Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?
Une paire de Louboutin. Et après, un appartement.

Quel est le dernier film que vous ayez vu ?
Slevin, en DVD. Plutôt cool.

Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?
A part ma tête ce matin dans le miroir, pas vraiment.

Que pensez-vous de ce questionnaire?
Dites donc, il est long, quand même.

Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore
Hm… je raconte tellement ma vie dans tous les sens, moi, qu'il ne doit guère rester de mystère…

Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ?
Albertine. Peut-être. Ou alors Emma, mais c'est déjà pris. Donc voilà, je suis mal si j'ai des enfants un jour.

Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon ?
J'aime bien Julien, mais bon.

Avez-vous déjà pensé à vivre à l'étranger ?
Oui -- je l'ai même fait. Wouaaaaah. Pitêtre même que je le referais, tiens. En même temps, Paris, c'est un peu l'étranger, quand on voit les mœurs locales...

Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?
Ah tiens salut !

Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?
L'être humain. Ce n'est pas très original, mais un peu plus d'ouverture d'esprit et de bonne volonté, ça ne ferait pas de mal.

Aimez-vous danser ?
Ca dépend de la musique.

Georges Bush ?
Qui ça ?

Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?
Un petit bout de "Trop fort l'animal", sur Gulli, avec un chat qui essayait d'attraper un point lumineux sur un mur, et qui s'énervait tellement qu'il a fini par tomber de la commode sur laquelle il se trouvait. Ce qui m'a fait rire, car je n'ai aucune compassion.

Allez-y, à votre tour, maintenant !!

vendredi 29 août 2008

148. Death of an insect

Trace de poudre irisée sur la porcelaine blanche
Un papillon est mort cette nuit
dans mon lavabo

jeudi 28 août 2008

147. En hommage au dîner d'hier soir...

Quelque part à la lisière du désert de Gobi, Mongolie

Une Mongole, une Bretonne et une Alsacienne à une terrasse parisienne, ça déménage...

mercredi 27 août 2008

146. Choses qui emplissent le coeur d'affection

Un tout petit enfant qui, recru de fatigue, s'est endormi d'un coup sans faire attention où il se trouvait -- Un couple d'amoureux anonymes ; certains sont si irritants qu'on voudrait s'en aller loin d'eux, mais d'autres au contraire donnent envie de leur jeter des pétales de roses en leur souhaitant un avenir radieux -- Ma famille -- Une personne dit "Quand j'étais petit..." ; quelle que soit la suite de l'anecdote, on se sent tout rempli de tendresse pour l'enfant peureux, débrouillard, maladroit ou malicieux que cette personne a été -- Relire des lettres qu'on a reçues il y a des années de ça ; c'est un peu embarrassant aussi, parfois -- Un câlin.

samedi 23 août 2008

145. VDM

Dans quelque temps, c'est mon anniversaire.

Et ce matin, dans ma boîte aux lettres, j'ai trouvé un catalogue Daxon. Alors certes, je ne suis plus toute jeune, mais je n'ai PAS l'âge de porter des robes d'intérieur en coton molletonné à motif fleuri.

Ceci dit, je me suis rendu compte qu'en revanche, je n'ai PLUS l'âge d'essayer de me make-uper les mains comme Rihanna dans son dernier clip sous prétexte que je m'ennuie un vendredi soir (inutile de vous infliger toute la chanson, on peut voir ses mains dans les toutes premières secondes du truc). L'eye-liner -- fut-il Shu Uemura --, ça teint les cuticules quelque chose de solide. Et les mains de garagiste, ça le fait moyen quand on va traîner dans les boutiques parisiennes.

vendredi 22 août 2008

144. Temps variable, éclaircies fréquentes

"Mais marche donc par terre" me dis-je
tandis que, pieds nus dans mes sandales,
j'essaie d'éviter les flaques
où le ciel se reflète

mardi 19 août 2008

143. En passant près d'un clocher

Ils sont deux à me dire
que le soir tombe
-- le soleil derrière l'horloge

dimanche 17 août 2008

142. L'univers me parle (si si)

L'autre jour, j'étais en train de faire le ménage en tentant de résister à l'agacement croissant provoqué par ma fenêtre qui, entrouverte, grinçait dans le vent sans que je me décide à la fermer -- quand tout à coup, une rafale a ouvert en grand les deux battants et fait voler les rideaux. Je pense que les autorités supérieures ne voulaient pas que je rate ça :

mercredi 13 août 2008

141. Graminée

Je réfléchis en mâchonnant,
fiché au coin de mes lèvres,
un brin de mélancolie

mardi 12 août 2008

140. Dans le métro, 5h30 du matin

Everyone looking
a little ruffled, eyes a little too bright,
like birds -- only without song

vendredi 8 août 2008

139. A part ça...

Mieux vaut éviter de regarder Alien quand on est seule le soir. En particulier si on a mis le son surround.

mercredi 6 août 2008

138. En une bouchée

Le vent devait avoir bien faim, ce jour-là...

mardi 5 août 2008

137. En Normandie

Flakes of gold
falling:
leaves or butterflies?

samedi 2 août 2008

136. Shopping list

Dans mon panier ce matin :

- 1 bouteille d'Absolut Pears
- 1 bouteille de Gewurtzraminer VT
- 1 bouteille de rhum cubain
- 2 paquets de fraises Tagada
- 1 eye-liner doré

Oui, je vais à une fête.

vendredi 1 août 2008

135. Le choc des cultures

Aux Galeries Gourmandes
deux Japonais mi-hilares mi-perplexes
devant une cassolette d'escargots en conserve

mercredi 30 juillet 2008

134. Specifically

What I miss
is this:

Someone to have long
half-whispered conversations with
at night, in the dark

dimanche 27 juillet 2008

133. Gujerati style

Dans la gare une femme portant
un sari vert et mauve et je me dis
qu'il irait bien mieux à Claire

vendredi 25 juillet 2008

132. Sleepless

A shiver of shadows
within the grey within the greyer still

Folding in on itself

I have bitten into the flesh of night
feeling its smoothness yield under my teeth
then acrid and powdery
like feathers
like soot

and now I find myself sinking
into the dark into the darker still

---------------

A l'origine, c'est un passage du conte à la joueuse de koto (moi, quand je ne dors pas, la seule chose dans laquelle je mords, c'est des Pims au chocolat), mais je ne suis pas tout à fait sûre de le garder. Même si je l'aime bien... je crois.

mercredi 23 juillet 2008

131. Comme dans le Japon ancien (un peu)

Lundi j'ai acheté de l'encens, puis je l'ai oublié dans mon sac
et aujourd'hui quand je l'ai ouvert
les pages de mon livre embaumaient

mardi 22 juillet 2008

130. En prenant le train

Ce matin sur le quai une créature étrange et merveilleuse
mi-skateuse en treillis et baskets à lacets fluo
mi-chef de gare en t-shirt et casquette SNCF réglementaires

dimanche 20 juillet 2008

129. Encore un questionnaire !

Il vient de nouveau de Marion... c'est long long long, mais ça parle de livres, alors je n'ai pas pu résister. Prêt ? C'est parti...

1 - Quel(s) souvenir(s) avez-vous de votre apprentissage de la lecture ?
Euh... hmm... ça remonte à loin, ça... Je me souviens que les parents entouraient les lettres dans les bouquins de la collection Emilie (de Domitille de Préssensé), pour signaler les "ou", les "an", les "on", etc. Un jour, hop, on est passés à Oui-Oui -- et je me disais "un VRAI livre ! Pas un livre pour les petits avec que des images et pas beaucoup d'écriture..."

2 - Vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant ?
Vraiment petite : les Barbapapa, Oui-Oui. Un peu plus grande : les Club des 5, Astrapi, la série des Alice, celle du Clan du Chien Bleu, Ronya fille de brigands, Flicka, La petite maison dans la prairie... il y en a tout plein !

3 - Aimez-vous la lecture à haute voix ?
Non. J'adorais ça quand j'étais petite, mais maintenant, ça me gave.

4 - Votre conte préféré ?
La fileuse et le pastoureau, un conte chinois.

5 - La meilleure adaptation d'un roman ou d'une pièce de théâtre
Difficile de répondre parce qu'en règle générale, j'évite d'aller voir un film sur un livre que j'ai déjà lu et inversement -- parce que souvent, c'est la cata (Possession ! Ak ak ak !!). Mais disons que l'adaptation du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson est magistrale (sauf le 3ème tome : ça va pas la tête ou quoi ? L'histoire n'était pas assez bien pour toi, Peter ? Fallait aller inventer des trucs zarbis n'ayant rien à voir ?). Et aussi les romans de Jane Austen passent souvent bien à l'écran : Raison et Sentiments, Orgueil et Préjugés, Clueless...

6 - Apprenez-vous par cœur certains poèmes, répliques de théâtre, passages de roman ?
Pas volontairement, mais il y a certains trucs qui restent et qui me trottent dans la tête, comme une bribe de chanson dont on n'arrive pas à se défaire.

7 - Avez-vous des livres ou des magazines dans vos toilettes ?
Oui, plusieurs -- mais plutôt des magazines.

8 - Avez-vous plusieurs lectures en chantier ? Combien ? Lesquelles ?
OUAIS !! J'en ai plein ! Alors alors... La lande des mortifications, qui est moins terrible que son nom l'indique : c'est un recueil de pièces de nô japonais. Lhasa: Streets with Memories, un bouquin sur Lhassa, donc, mais qui n'est hélas pas terrible-terrible ; en plus je ne me souviens plus de l'auteur -- Robert Burnett, je crois. Treize siècles de littérature japonaise, de René Sieffert, parce que bon. Ulysse, de Jean Giono, que j'ai chopé dans la bibliothèque de mes parents. Et le dernier numéro du magazine Khimaira, car il contient une merveille de Nine.

9 - Le poète que vous ne cesserez jamais de relire / de vous réciter ?
J'aime bien la poésie, mais je ne m'y connais pas trop. Là comme ça, je dirais Ono no Komachi, Izumi Shikibu, Bashô, Apollinaire, Rimbaud.

10 - Le livre que vous avez lu le plus rapidement ? Le plus lentement ?
Euh le plus rapidement, je ne sais pas trop. Les Harlequins ? Non, quand même. Ah si : il y a aussi Ahab's Wife, de Sena Jeter Naslund, un pavé énorme que j'ai lu en 24 heures sans m'arrêter, sans dormir, avec les yeux tout brûlés de mots.
Le plus lentement, c'est sans conteste Ulysses, de James Joyce, parce qu'il faut vraiment s'accrocher. Mais je l'ai lu ! Jusqu'à la fin !

11 - Préférez-vous les éditions de poche aux originales ? Pourquoi ?
Les éditions de poche, car on peut les traîner partout avec soi. Et puis on peut vraiment se les approprier, on ne se sent pas obligé de les respecter, c'est des potes.

12 - Le(s) livre(s) que vous ne rangez jamais dans votre bibliothèque et qui traîne(nt) toujours ?
Les Notes de Chevet, de Sei Shônagon (d'ailleurs je ne le trouve plus, je ne sais pas où je l'ai mis)... un dictionnaire d'une langue ou d'une autre... Dance dance dance de Haruki Murakami (je ne sais pas pourquoi)... The Divine Secrets of the Ya-Ya Sisterhood...

13 - Quel est votre rapport physique à la lecture ? Debout ? Assis ? Couché ?
Dans toutes les positions ! Assis, debout, couchée, en cuisinant, en écoutant de la musique, en regardant la télé, en attendant le train, en tenant la barre du métro d'une main, mes courses de l'autre et un mouchoir dans la troisième (oui, j'ai trois mains, et alors ?).

14 - Vos lectures sont-elles commentées crayon en main ?
Alors là non.

15 - Offrez-vous des livres ?
Oui, j'adore le faire. Mais parfois, on se trompe sur le livre qu'on offre, c'est embêtant -- surtout quand c'est un livre qu'on apprécie soi-même. On croyait connaître la personne, et hop, pas du tout.

16 - La plus belle dédicace, que ce soit de l'auteur ou de la personne qui vous l'offrit ?
Il y en a deux : celle qui m'a fait le plus plaisir, c'est la version japonaise du tout premier livre que j'ai traduit (je l'ai traduit en français, hein !!), rapportée spécialement du Japon et signée par l'auteur. Et la plus précieuse, pour plein de raisons, c'est L'Astragale dédicacé à ma grand'tante par Albertine Sarrazin.

17 - Quel est votre rapport sensuel au livre ? (Odeur, texture, etc.)
J'aime bien mettre le nez dessus, et aussi les caresser du plat de la main ou du bout des doigts. Les bouquins nrf sont biens pour ça ; les livres anglo-saxons aussi, avec des couvertures hyper-texturées, des lettres en relief, des zones mates et des zones vernies...

18 - Quels sont les auteurs dont vous avez lu les œuvres intégrales ?
J'y réfléchis et il y en a plus que je le croyais. Stephen King... Haruki Murakami... A.S. Byatt... Jane Austen, je crois bien... John Irving... Albertine Sarrazin... et de la seconde à la 2ème année de fac, j'ai lu l'intégrale des Rougon-Macquart, de Zola (eh oui).

19 - Un livre qui vous a particulièrement fait rire ?
Hm... A Prayer for Owen Meany, de John Irving. Il y en a d'autres, mais rien ne me vient, là comme ça.

20 - Un livre qui vous a particulièrement ému ?
Extremely Loud and Incredibly Close, de Jonathan Safran Foer... Une parfaite chambre de malade, de Yôko Ogawa... Des os de corail, des yeux de perle, de Natsuki Ikezawa... Sarinagara, de Philippe Forest

21 - Le livre qui vous a terrifié ?
La part des ténèbres et Bag of Bones, de Stephen King. La chute de la Maison Usher, d'Edgar Allan Poe.

22 - Le livre qui vous a fait pleurer ?
A Prayer for Owen Meany, de John Irving

23 - L'avertissement / l'introduction qui vous a le plus marqué ?
Euh... aucun. Je ne les lis pas, ou alors seulement après avoir lu le livre, donc...

24 - Le titre le plus marquant, original, décalé, astucieux?
The Minotaur takes a Cigarette Break, c'est le plus récent... et puis j'avais fait une note sur le sujet, au début de ce blog.

25 - Décrivez votre bibliothèque.
Ma bibliothèque, c'est mon appart'.

26 - Le(s) livre(s) dont vous vous êtes finalement débarrassé ?
Mes livres de classe.

27 - L'endroit le plus insolite où vous lisez ?
Je lis partout, alors... Bon, je peux aussi la jouer frimeuse et dire "une auberge tibétaine, au pied du mont Everest" (C'était Possession, d'ailleurs, de A.S. Byatt).

28 - Il ne vous reste que trois jours à vivre : que souhaitez-vous lire ou relire ?
Trois jours, vous êtes fou ou quoi ? C'est trop triste comme question... Je crois que je relirais mes chapitres préférés de mes livres préférés.

29 - Votre livre d'art préféré ?
Le Dit du Genji, de Murasaki Shikibu, illustré par la peinture japonaise traditionnelle (éditions Diane de Selliers). Un miracle dans ma bibliothèque ! Le jour où je l'ai acheté, je l'ai posé à côté de mon oreiller et j'ai dormi avec.

30 - La bibliothèque idéale ?
Une bibliothèque où on pourrait faire apparaître par magie le livre qu'on a envie de lire juste à ce moment-là. Par exemple : on est en train de lire Treize siècles de littérature japonaise, où l'on parle d'un poème du Manyôshû ? Aussitôt pensé, aussitôt fait, on a l'ouvrage à portée de main, et on peut le feuilleter comme on veut.

31 - L'incipit qui vous a le plus marqué ?
"C'était à Mégara, dans les faubourgs de Carthage..." Nan, j'rigole. Quoique.
J'aime bien "L'aube surprit Angelo béat et muet mais réveillé". Ou alors "The book was thick and black and covered with dust". "Call me Ishmael". "Stately, plump Buck Mulligan came from..." (from quoi ? Je ne sais plus trop).

32 - La clausule qui vous a le plus marqué ?
Je peux tricher un peu ? C'est "et pourtant pourtant", d'un célèbre haïku de Kobayashi Issa :

Monde de rosée
C'est un monde de rosée
et pourtant pourtant

jeudi 17 juillet 2008

128. Shampoo

Under my fingers, surprising
the nape of my neck, naked and nicked
-- a new haircut

mardi 15 juillet 2008

127. Ne vendons pas la peau de l'ours...

... mais réjouissons-nous quand même en sautant de joie partout dans la maison en toute modération car... un nouveau livre est peut-être sur le feu !

La maison d'édition pour laquelle j'ai traduit le précédent ouvrage veut faire appel à moi pour un autre bouquin -- écrit par une grande pointure du secteur, apparemment, numéro un sur plein de listes de best-sellers, et dont Alan Greenspan a déclaré que c'est "une lecture indispensable". Ooooh.

Hahaha ! Chuis trop contente !

Pardon. Je ferais mieux de me calmer, ceci dit, car rien n'est encore signé, mais bon... ça a l'air quand même bien parti.

Voilà, c'était tout pour aujourd'hui ! Je vais aller boire du champagne me coucher, maintenant. Bonne nuit tout l'monde ! A la prochaine ! Un nouveau livre à traduire ! Salut ! Dormez bien ! Un best-seller ! Faites de beaux rêves ! Oyasuminasai ! Buenas noches ! Alan Greenspan ! Sleep tight, don't let the bedbugs bite !

lundi 14 juillet 2008

126. Hotarubi

Etranges lucioles
dans le grand arbre --
le feu d'artifice vu de ma fenêtre

vendredi 11 juillet 2008

125. Choses qui font un peu peur sans qu'on ose se l'avouer

Prendre l'avion -- Une personne chère tarde à rentrer ; même si on sait qu'elle est parfaitement en sécurité, on s'inquiète, sans se résoudre à le dire à voix haute -- Les éclipses -- Marcher dans une rue déserte, tard le soir -- Retrouver quelques cheveux le matin sur son oreiller -- On n'attendait personne, et voilà que quelqu'un frappe à la porte -- En voyage, le douanier vous fait signe et inspecte votre valise de fond en comble ; bien entendu, on n'a rien à se reprocher, mais mille scénarios plus cauchemardesques les uns que les autres vous traversent l'esprit -- Prendre de l'âge -- Un colis abandonné sur un banc de métro -- Dormir seule dans une grande maison vide -- Prendre l'ascenseur -- Les pannes d'électricité : si la lumière ne revenait jamais ? -- Un avion passe très très bas dans le ciel, à faire trembler les vitres.

L'autre jour, le distributeur a avalé ma carte bleue ; je l'ai récupérée sans dommages, mais depuis, j'ai un petit pincement à l'estomac, parfaitement irrationnel, chaque fois que je retire de l'argent.

jeudi 10 juillet 2008

124. Not too nice

For three nights now
the same images of
flayed limbs -- not
the red glisten of healthy flesh
but yellow-mottled brown, decaying

jerking and flailing, startling me
Also the smell of
honeysuckle gone wrong
and I can't
sleep --

mercredi 9 juillet 2008

123. Random fact: natch

J'ai souvent vu le mot natch en anglais ; sans trop me poser de questions, je l'ai toujours assimilé à un bruit de porte qui se ferme à la fin d'une phrase, un vague équivalent du ne japonais.

Et hier, l'illumination en lisant un article du Guardian : natch comme l'abbréviation de naturally, naturally ! Incroyable !

"Utilisation recensée pour la première fois en 1945", m'apprenait le dictionnaire étymologique immédiatement consulté pour confirmation -- sans toutefois m'apprendre si le mot provient de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis, dans quel milieu il a été d'abord employé, etc.

Bah, pas grave, la découverte à elle seule m'a fait bien plaisir...

lundi 7 juillet 2008

122. Vive les soldes

Ce matin j'ai essayé trois paires de chaussures de rêve
Aucune n'allait, naturellement, alors à la place j'ai acheté

un livre

dimanche 6 juillet 2008

121. Love is in the air

Ce matin, bizarrement, on entendait "La Marche Nuptiale"
dans les couloirs du métro
Et toutes les filles soudain
le menton levé et le dos droit
adoptaient une démarche pleine de grâce et dignité

vendredi 4 juillet 2008

120. Ligne 2

Avec l'été et le métro aérien
tous les matins je me promène
dans la canopée

jeudi 3 juillet 2008

119. Hommage à Maurice Béjart

Hommage à Maurice Béjart, avec Sylvie Guillem et le Ballet de Tokyo.

Oui, je ne manque jamais une occasion de voir des Japonais en débardeur (et là, bonus ! Ils étaient torse nu !)

Mais bon, je tiens à préciser que même avec le ballet de Lausanne, j'y serais allée, car Sylvie Guillem, quand même. L'honneur est (vaguement) sauf.

Il faut avouer que j'ai été plutôt rétive au charme du Sacre du Printemps et de Gagaku. Mais Le Boléro ! Je trouve qu'il faut un courage colossal pour monter sur une table rouge, au milieu d'une trentaine d'hommes, pour danser -- et donner au Boléro, pourtant usé jusqu'à la trame, tant de puissance.

Et puis c'était à Versailles, sur le Bassin de Neptune... j'aime bien les spectacles en plein air, malgré la rosée, le froid et les sièges inconfortables. Mais...

même seule en pleine lumière,
la danseuse ne parvient pas
à faire oublier l'oiseau
qui prend son envol
dans le soir qui tombe

mardi 1 juillet 2008

118. Poker Face


Tonight I am thinking about languages


How you can keep them close to your vest
and smile knowingly

or

fan them out
one by one on the table
like a neat hand of cards

Half magic
Half game

vendredi 27 juin 2008

117. It's the time to disco

It's delicious and
slightly worrying
to go home to bed
at the time the first birds start singing

mercredi 25 juin 2008

116. A part ça...

Je sais que ça ne se fait pas de se plaindre de son job sur internet.

Ca se fait d'autant moins que j'aime mon métier, et que j'ai l'immense privilège de pouvoir en vivre. Je ne me plains pas vraiment, en fait... mais tout de même, il y a des jours où je suis partagée entre le fou rire et la consternation.

Lundi, l'un de mes donneurs d'ordre me contacte : "Une nouvelle traduction, 18 pages, à rendre pour mercredi, ça irait ? Je t'envoie le texte d'ici 16h au plus tard".

Bon, me dis-je -- 3 jours de délai, 18 pages, au vu de ma charge de travail actuelle, c'est largement faisable tant que je reçois le doc dans la journée. Mais lundi passe, puis mardi matin, puis mardi midi, puis mardi soir... toujours pas de texte, malgré deux relances et un coup de fil de ma part. Encore un truc qui tombe à l'eau, me dis-je, ce n'est pas la première fois.

Puis ce matin, à 11h30 très précises, le texte arrive, suivi de la petite phrase : "le délai reste inchangé". Notez la délicieuse ambiguité.

Je renvoie un mail : "'inchangé' c'est-à-dire '3 jours pour m'acquitter de ma tâche', c'est bien ça ?"

"Non, il nous le faut pour ce soir".

Oui.

Ouiouiouiouioui.

A force de tractations et de supplications, j'ai réussi à négocier un délai pour demain "fin de matinée, mais au plus tard, hein !"

J'aime mon métier.

Bon, allez -- sur ce, je vous laisse, j'ai encore 9 pages à traduire, moi.

mardi 24 juin 2008

115. Wishing for a storm


Pictures of rain
on leaves
droplets bouncing
and the sound
a soft drumming
a quickening patter

Also the smell of it
metallic
in my mouth

dimanche 22 juin 2008

114. Sparrow [Edit]


Sparrow, de Johnnie To

Pas un chef d'oeuvre, mais un vrai bon moment : peu de dialogues, des images très belles, magnifiquement filmé (mais ça, je crois que c'est une spécialité de Johnnie To, quoique ce soit le premier film de lui que je voie), un peu sentimental comme on aime...


Tout ce qui fait que j'aime le cinéma asiatique. Et super-drôle, en plus.


[EDIT : J'ai oublié de mentionner la géniale musique ! Et une scène hilarante dans un ascenseur !]

vendredi 20 juin 2008

113. Afternoon nap, interrupted


Slowly adrift
then jerked from sleep
by a car horn
-- like a fish
on a hook

jeudi 19 juin 2008

112. Broken glass


Rage

Such a convenient means of
hiding other
seething roiling boiling
things

mardi 17 juin 2008

111. Page 123


Hop, un p'tit truc de la part de Marion (si elle avait un blog, je ferais un lien, mais là...), histoire de faire la maligne avec la lecture du moment. L'idée, c'est de prendre le livre qu'on est en train de lire, aller à la page 123, 5ème phrase, et recopier les 5 phrases suivantes -- et ensuite, faire passer. Alors here goes :


"Comme le bruit courait que le Prévôt de la Sixième Avenue Tameyoshi se trouvait à Higashi-Sakamoto, ordre fut donné de par Sa Majesté au Gouverneur d'Aki Kiyomori de le rechercher, et celui-ci donc, avec cinq cents cavaliers, par Shiga et Karasaki se dirigea vers Higashi-Sakamoto en longeant le rivage. Tandis qu'ils fouillaient maison après maison, les moines des Trois Tours arrivèrent en masse et les en chassèrent. 'Quand bien même des ennemis de l'Empire s'y tiendraient cachés, il fallait pour les rechercher en ces lieux en prévenir la communauté. Or, que vous les ayez envahis sans crier gare est un procédé inqualifiable ! Nous allons vous chasser sur l'heure !', disaient-ils furieux."


C'est un extrait du Dit de Hôgen, que je viens tout juste de commencer. C'est le premier récit du cycle des Taïra et des Minamoto (le plus célèbre est le Dit des Heike), écrit au 12ème siècle et traduit, dans l'exemplaire que j'ai sous la main, par René Sieffert.


Et voilà... Lecteur qui passez par ici, n'hésitez pas à reprendre le principe, et faites tourner !

lundi 16 juin 2008

110. Choses qui font soupirer

L'ennui -- Remplir des papiers administratifs -- Arriver au sommet d'une montagne, et regarder le paysage tout autour -- Le lundi matin -- La spasmophilie -- Faire la queue -- On a une grosse valise très lourde, que l'on a transportée dans des dizaines d'escaliers et de couloirs du métro, et lorsqu'on arrive enfin à la gare, l'escalator final est en panne -- Les retards de train -- On reçoit une lettre, mais les nouvelles ne sont pas bonnes -- Une déception -- La fin d'une grosse journée de travail.

Un tout petit enfant a beaucoup pleuré ; longtemps après encore, les yeux tout gonflés et le nez rouge, de loin en loin, il est secoué de petits sanglots qui se terminent par de gros soupirs tirés du plus profond de sa poitrine. C'est irrésistible ; il faut le prendre dans ses bras.

dimanche 15 juin 2008

109. The Minotaur takes a cigarette break


The Minotaur takes a cigarette break, de Steven Sherrill

Evidemment, j'ai choisi ce livre à cause de son titre. Je ne suis pas encore arrivée au bout, mais il me plaît bien. Déjà, ce n'est pas de la science-fiction, une sorte d'univers parallèle où les créatures mythiques seraient monnaie courante pour une raison ou pour une autre. J'aurais trouvé ça décevant. On est dans l'Amérique contemporaine, normale ; le Minotaure travaille en cuisine dans un restaurant, et habite un trailer park. Il a des soucis avec ses cornes, la peau sèche sous son poil, du mal à parler à cause de la forme de son larynx, et ainsi de suite. J'aime bien ce réalisme, et aussi la mélancolie qui traverse tout le récit, la tristesse du Minotaure qui, sorti de son labyrinthe, ne trouve plus sa place dans le monde.

C'est aussi très bien écrit, dans une langue précise et claire, plutôt poétique. J'aime bien les auteurs qui n'ont pas peur des mots et de les utiliser.

Un petit extrait, pas très représentatif mais qui reste en mémoire :

"The Minotaur dreams of the past as if it were tomorrow.
Dreams the lament of the sheet-metal worker. Lament. Lament.
Lament for the thick-hide gauntlets that singe against the heat,
that stiffen and split with age, as if they were still flesh.
For the scratch awl and punch. The need for calibration.
For the blueprint. For the malleable heart. For the brittle heart.
For the shear and the press and everything sharp, tongued out on the lathe.
For the give and take of the ball-peen hammer.
For the arc, struck and sustained. The sliver of fire
that finds and claims for its own a piece of my flesh.
For everything that is not soft, and in my life.
For the meadow near Cnossus, where the hyacinth petals
turn and turn out like so many palms refusing applause.
Think of me, Pasiphae, in your moment of cramped ecstasy".

samedi 14 juin 2008

108. Dans les rues


Ces derniers temps, j'ai beaucoup marché dans Paris, et bien m'en a pris, puisqu'au fil de mes pérégrinations, j'ai vu...

- Une racine de gingembre comme une main posée sur le passage piéton
- Une dame en train de siffler, le nez en l'air, pour essayer de nouer la conversation avec le canari dont la cage était posée sur le rebord de la fenêtre, au 3ème étage
- Une moitié de cadavre de pigeon
- Quelques mètres plus loin, l'autre moitié
- Un double arc-en-ciel
- Charlotte Gainsbourg en train d'acheter du pain
- Un unique pétale de rose, un peu abîmé, défraîchi, dont le pourpre était en train de virer au bleu, me faisant penser au système sanguin, à la différence de couleur entre le sang des artères et celui des veines
- Des oeuvres d'Akiza, à ma grande surprise -- je croyais qu'il s'agissait simplement d'une marque de T-shirts
- Charlotte Gainsbourg en train de téléphoner
- Une Japonaise qui était en fait un Japonais. Ou peut-être une Japonaise ? En tout cas, il/elle était tout de noir vêtu(e)
- Vincent Perez
- Un nuage d'orage ressemblant très exactement à une ecchymose toute fraîche
- Un passage couvert dont j'ignorais totalement l'existence
- Un restaurant avec un lion empaillé dans la vitrine

Je me suis aussi beaucoup perdue, mais ça, c'est une autre histoire...

mercredi 11 juin 2008

107. Euro 2008


Shouts, whistles and cries
drifting through my open window
Also long terrible silences, fraught
-- the summer football season has begun

dimanche 8 juin 2008

106. It's been a difficult week

Beneath my eyelids
sleep
like very fine silt

mercredi 4 juin 2008

105. MLF

Vu ce matin dans le métro, une pub pour un quelconque vendeur d'électro-ménager : sous la phrase "Pendant qu'il regarde le foot...", la photo d'un aspirateur, d'une centrale-vapeur et d'une sorbetière.

On progresse, moi je dis, si si, on progresse.

mardi 3 juin 2008

104. Pendant que la sauce tomate réduit

The smooth milk of language
luscious
lifelike
-- essential

samedi 31 mai 2008

103. Sur la terre comme aux cieux

Par quels détours entrevus
nous glisser jusqu'au ciel

et là
nus, édentés, tremblants,

dévorer l'extase
et n'en jeter que les os

vendredi 30 mai 2008

102. Pourquoi je n'aurai jamais mon permis de conduire

Traverser la rue même quand le feu est vert pour les voitures, pas de problème. Traverser la rue en dehors des clous, pas de problème non plus. Traverser une autoroute à pied, déjà fait. Traverser le principal carrefour de Katmandou -- six rues se croisant sans aucune signalisation d'aucune sorte -- entre les camionnettes bringuebalantes, les vieux taxis, les scooters fous, les camions ultra-polluants, les vélos surchargés et les vaches nonchalantes, fait aussi.

Par contre... traverser la rue quand c'est rouge à la fois pour les voitures ET pour les piétons (un intervalle particulièrement long en région parisienne), impossible. Je fais un blocage. Je suis sûre que les voitures vont démarrer à tout instant et m'écrabouiller sans la moindre pitié (oui, parfaitement, m'écrabouiller).

Et je reste donc plantée là, mortifiée, à attendre que le bonhomme passe au vert tandis qu'un petit papi traverse tout doucement, tranquillement, à pas de tortue, sous le nez des voitures immobiles -- en autant de temps que j'en mettrais à couvrir trois fois la distance.

jeudi 29 mai 2008

101. Ikiningyô -- The First Dream

Here I dream
Ah yes
Long slow dreams -- like drowning --
Of cobwebs and green water behind my eyes
cottonwool and rust on my nonexistent tongue


Suddenly shot through by
a swiftness
glancing


through the air
muffled and sticky
on my porcelain skin

Bon... ce n'est qu'une ébauche, je n'en suis pas franchement satisfaite... il faut retravailler, et j'ai des idées pour quatre rêves en tout, mais peut-être que j'abandonnerai tout le projet pour cause d'intolérable prétention. A voir...

dimanche 25 mai 2008

100. Choses élégantes

Pour la 100ème, un hommage...

Une paire de chaussures à talons hauts posée sur le parquet -- Les ombres -- Une personne très habile à ce qu'elle fait, concentrée sur son travail ; quelle que soit la tâche accomplie, c'est toujours très élégant -- Une longue robe noire -- Le thé -- Un livre -- Une veste dont la doublure est très jolie -- S'acheter un bouquet de fleurs, sans aucune raison particulière -- Des macarons Ladurée -- La traduction française des Notes de Chevet par A. Beaujard -- Une pivoine, blanche de préférence -- Dans un bol vert pâle, on a coupé des fraises bien mûres ; le sucre dont elles ont été saupoudrées a commencé à fondre, et scintille sur la chair des fruits -- Un petit coffret de bois incrusté de nacre -- Un bracelet jonc en or blanc -- La musique de Verdi -- Un lit tout blanc dans lequel personne n'a encore dormi.

jeudi 22 mai 2008

99. Vert, blanc, rouge


Un T-shirt, une jupe, une serviette
Sur un fil à linge,
le drapeau italien

mardi 20 mai 2008

98. Just call me Machiavel

Alors*. Dans la vie, je suis allergique. Aux fleurs, aux graminées, aux poils de chien, aux poils de chat, aux poils de cheval, à la poussière, aux moisissures et aux fruits frais. Certains fruits frais. Surtout les pêches et les nectarines. Or j'adore les pêches et les nectarines.

C'est là qu'entre en jeu mon tout nouveau mixeur plongeant. Et mon cerveau diabolique.

Car en mélangeant des quartiers de pêche fraiche et des fraises (auxquelles je ne suis pas -- encore -- allergique) et du yaourt et un peu de citron... et en mixant le tout... on obtient un délicieux smoothie.

Et si je l'avale à la paille, mon organisme, avec la même obstination nigaude qu'il met à considérer le moindre grain de pollen comme un microbe ultra-agressif, pense qu'il est en train d'absorber un bête yaourt aux fruits. Alors que non ! Je suis en fait en train de consommer PLEIN DE PECHES ! Et des VITAMINES ! DES VITAMINES ENCORE VIVANTES !**

Haha! Bet you didn't see that coming!

Et grand merci à Marion et Vincent, sans qui je n'aurais jamais pu mettre ce plan démoniaque à exécution.




*Se pourrait-il que je n'aie rien à dire aujourd'hui ? Ma foi oui, ça se pourrait bien !

** Quoi, "les vitamines ça 'meurt' pas" ?



dimanche 18 mai 2008

97. A part ça...

Je déteste les cliffhangers à la fin des saisons. En particulier quand il s'agit de CSI Las Vegas. Et de Sara Sidle.

samedi 17 mai 2008

96. Il fait un temps bizarre, ici


Ca ne se voit pas sur la photo, mais il pleut des cordes...

mercredi 14 mai 2008

95. Dix signes que le printemps est là

- En terrasse, il y a aussi des non-fumeurs.

- En fin de journée, le tonnerre gronde et une brusque giboulée vous surprend, en manches courtes et sans parapluie.

- C'est la saison de la liberté pour les bébés, tout pâlots et rondouillards, hilares dans leur poussette, les doigts de pied en éventail.

- Les filles ont des sparadraps partout sur les pieds dans leurs sandales à lanières.

- Il n'y a plus besoin de couette, la nuit -- ou presque.

- On ne sait jamais jamais quoi mettre le matin.

- On scrute le moindre moineau de base, en espérant voir la première hirondelle. Qui, c'est pourtant bien connu, ne fait pas le printemps.

- Dans le métro, les gens sont marginalement moins énervés... au moins jusqu'en juillet, saison des grandes sueurs.

- Tout à coup, c'est le Festival de Cannes, Roland-Garros, le Tour de France...

- Le matin, j'ai déjà éternué trois fois avant même d'avoir ouvert les yeux.

lundi 12 mai 2008

94. Random facts: animal names

OK, so I know there are...
... flocks of sheep...
... schools of fish...
... swarms of bees...

But today I learnt that one can also say...
... a murder of crows...
... a knot of octopus (octopi ?)...
... an ostentation of peacock...

And I'm asking, what next ?

A giggle of schoolgirls ?
An officiousness of entrepreneurs ?
An iPod of teenagers ?

samedi 10 mai 2008

93. A room in the attic

Lying in the dark
I can hear
a faint buzzing

Possibly the ghost of the bee
I found dead this morning
on my pillow

samedi 3 mai 2008

92. Vive la Ventoline

Avec le printemps, mes allergies sont revenues ;
hier, j'ai fait une grosse crise d'asthme


Dans mon poumon droit
ronfle, gratte et crisse
une toute petite araignée

jeudi 1 mai 2008

91. -n-i, ni !

Ayé, la traduction du livre est terminée ! Relecture, correction et point final !

En fait, j'ai envoyé les textes il y a quelques heures déjà, mais à la fin la seule vue du clavier me donnait la nausée, il a fallu attendre un peu (et boire un coca).

Hm... un peu tristoune, moi -- et tout ça pour un livre sur l'économie américaine !

C'est toujours pareil, avec les longs projets -- on commence pleine d'enthousiasme, on prend le rythme de croisière, puis il y a le stress, les doutes, les soirées à travailler, les week-ends aussi, le rush de fin...

Et maintenant me voilà les mains vides.

mercredi 30 avril 2008

90. Ikiningyô, de Yoshiko Hori

Un drôle de frisson hier soir en tombant sur les créations de Yoshiko Hori (me demandez pas comment, encore un parfait exemple de WTFWILF)...


Apparemment, une légende urbaine veut que ses poupées soient faites avec la peau et les cheveux de cadavres. Rigoureusement faux, mais significatif. Enfin... je ne sais pas, mais je les trouve troublantes. Ce n'est pas souvent que ça arrive, mais je crois que ça me plairait bien d'en fabriquer, moi aussi. Je leur ferais des cernes, et des cicatrices, et des tatouages.


Ca me fait penser aux masques de nô, à qui la lumière donne des expressions différentes. Un peu effrayant, et fascinant. J'aime bien que ce soient des poupées, et non des scultpures.


Enfin, tout ça n'est peut-être qu'une version vaguement évoluée de l'admiration sans bornes que je vouais à la poupée en costume espagnol qu'il y avait chez mes grands-parents, quand j'étais petite...

Si vous voulez en voir d'autres, ça se passe ici. Tant qu'on y est, toutes les photos sur ce post sont © Yoshiko Hori.

Et pour ceux qui se poseraient la question, Ikiningyô, ça veut dire poupée vivante...

samedi 26 avril 2008

89. Marks

A red welt where the bra strap was
A spot of skin rubbed raw by a sweater's label
The imprint of the belt on my belly
The trace of knee-highs socks on my calves

At night my body
like my mind
needs a few moments
to forget the day

mardi 22 avril 2008

88. School's out

For a few days I am staying in a house facing a school


Every morning I hear
the huge noise of kids' voices mingling
sloshing around the courtyard, lapping at my window

Then at 8:30 suddenly silence
the clamour canned, bottled in, swallowed up
To be spat out again at noonchimes

And I, hunched over my own work,
both pity and envy
This made-to-order frenzy
This ability to leap out screaming
at the top of one's lungs

dimanche 20 avril 2008

87. Choses qui ne font pas avancer le schmilblick

Se dire "juste un dernier macaron" -- Regarder par la fenêtre alors qu'on réfléchit à un problème -- Tenter d'avoir raison à tout prix -- On m'a offert de très jolis verres faits à la main, avec des incrustations qui font de légers reliefs ; j'en trace les contours du bout du doigt, sous la mousse, au lieu de continuer la vaisselle -- Dire "non non, parlons-en", sur un point de détail, durant une réunion qui s'éternise -- Jurer qu'on se mettra au ménage/au travail dès qu'on aura trouvé un bon CD à mettre en musique de fond -- Penser qu'on préférerait être morte -- Il faut se mettre en route, mais on n'a pas envie de partir ; on trouve mille choses à faire, on a oublié son parapluie, on change de pull, on ne sait pas quel livre glisser dans son sac -- Quelqu'un travaille tranquillement, et on vient faire des réflexions par-dessus son épaule -- Dans un bar, après quelques verres, on s'apprête à partir - et soudain arrivent des amis qui s'installent en disant "super, vous êtes encore là !" -- Essayer de monter à toute force dans un métro bondé alors que des gens sont encore en train d'en descendre -- Faire son blog alors qu'on devrait être en train de relire le chapitre 6.

jeudi 17 avril 2008

86. Top Five, le côté obscur

Ah ben oui hein... c'est bien beau les héros... mais en réalité... quoi de mieux qu'un terrible méchant bien cruel ? Donc, allons-y franco, voici mon Top 5 des affreux.

1. John Doe, de Seven. Terrifiant. Et contrairement aux autres "héros" de ce Top 5, je ne lui trouve pas de circonstances atténuantes.

2. Dracula. Les vampires d'une manière générale, en fait. Capes, canines, visages pâles, créatures nocturnes, chandelles et miroirs, tout ça tout ça...

3. Je vais faire un tir groupé pour les anime japonais, parce qu'il faut reconnaître qu'ils savent bien faire des super méchants ambigus, complexes et charismatiques, comme par exemple... Vicious, de Cow-Boy Bebop... Akito, de Fruits Basket... Ergo Proxy, dans la série du même nom (mais les choses sont-elles bien ce qu'elles semblent être ?)...

4. Steerpike, dans Gormenghast (Mervyn Peake). Ooooh, un vrai vilain, celui-là, manipulateur, arriviste, dangereux, avide, menteur -- une sale petite vipère.

5. Alien (oui, celui du film). Sérieux, vous ne la trouvez pas un peu fascinante, cette créature ?

Bon, là encore, il y en a plein d'autres -- par exemple Andy Lau dans Infernal Affairs... le Headless Horseman dans Sleepy Hollow... George Stark dans La Part des Ténèbres (Stephen King)... et tous les autres dont je me souviendrai demain matin en me réveillant. Bah, au pire, je ferai un deuxième tome !

lundi 14 avril 2008

85. Top Five

Claire m'a donné l'idée -- c'était trop long pour un com sur son blog et quelle nana ne rêverait pas d'un prétexte de passer en revue ses "5 héros masculins préférés" ? Donc, here we go :

1. Angelo, du Hussard sur le Toit. Grand, cheveux noirs, yeux verts et barbe de 3 jours. Téméraire, généreux, mélancolique, idéaliste, rêveur... et obsédé par ses magnifiques bottes ! Sans doute aussi le propriétaire de la réplique la plus cool du monde ; je la cite (de mémoire, pardon Jean Giono pour les approximations), juste parce qu'elle me remplit d'allégresse :
- "Moi, les mains blanches, je les emmerde, et je vais te montrer qui je suis." [c'est un militaire très impoli qui s'adresse à notre héros]
- "Cela se voit de reste", répondit Angelo, "vous êtes un grossier personnage, et je suis ravi que vous emmerdiez mes mains car je vais vous les mettre sur la figure".

Comment ne pas tomber amoureuse ?

2. Bon, là, je vais tricher à mort et faire une catégorie générale pour les gens de mauvaise humeur. J'aime bien quand les héros font tout le temps la gueule. Donc, en tête, il y a Genjô Sanzô du Saiyuki, son humeur massacrante, ses yeux violets et son sûtra. Il y a aussi Jin (Samurai Champloo), son mutisme et ses lunettes (également son coup de sabre dévastateur). Et il y a Kaoru, le "Général Suave" du Dit du Genji ; l'ancêtre des légions de jeunes hommes ultra-sensibles et torturés qu'on croise à tous les carrefours de la culture japonaise.

3. Witt, dans The Thin Red Line. Là, on ne rigole plus. Naïf et idéaliste, mais pas simpliste, pacifiste mais quand même prêt à mourir pour ses camarades de combat, courageux, sensible à la beauté du monde, euhm... Un des personnages masculins qui m'a le plus émue au cinéma. On pardonnerait presque à Jim Caveziel de n'avoir tourné que des navets ensuite.

4. M. Chow (Tony Leung), dans In The Mood For Love. Sauf que le malheureux finirait par mourir d'un rhume compliqué d'un cancer du poumon, car je lui demanderais sans arrêt de rester à fumer des cigarettes sous la pluie.

5. Ismaël, de Moby Dick. Parce qu'il a un super-sens de l'humour, qu'il en sait un rayon sur les baleines et qu'il a survécu à un naufrage. Parce que je lui imagine la tête de Corto Maltese. Parce que moi aussi, de temps en temps, j'ai des accès de dégoût de l'humanité et des envies de prendre le large. Sauf qu'au lieu d'embarquer, moi, j'achète une nouvelle paire de ballerines. On fait ce qu'on peut...

Voilà ! Mais il en manque plein à l'appel, évidemment : Jack Sparrow, Lancelot, Spike Spiegel, Neo, Boro, Fuse (de Jin-Roh), Grissom...



Peut-être qu'on devrait faire un Top 50, plutôt.

samedi 12 avril 2008

84. Lost keys

Now shedding tears not only
for the lost bunch of keys

But also for all things mislaid
trodden forgotten left behind
thrown carelessly away

Regrets and a keyring

mercredi 9 avril 2008

83. All work and no play...

... makes me want to run away

mardi 8 avril 2008

82. The sun is out

De bonne humeur soudain
en voyant la balustrade ouvragée de ma fenêtre
en ombre chinoise sur le rideau

dimanche 6 avril 2008

81. Chambre secrète

Alors... afin de rendre ce blog encore plus narcissique (si c'est possible), j'ai honteusement piqué l'idée de Nine : une chambre secrète, une sorte de placard de l'imaginaire où stocker tout ce qui fait de moi... ben... moi. Alors voilà. Désolée, c'est un peu long, mais c'était sympa à écrire.

Ca commencerait par une porte ; une porte massive, en bois patiné, cloutée de partout, avec une poignée en fer noir torsadé, qui résiste un peu quand on ouvre.

A l'intérieur, il ferait noir, mais pas trop. On sentirait une odeur d'encens et de bois, de fleurs fraîches mouillées et de bambou. Peu à peu, l'œil s'habituerait au demi-jour ; on commencerait à distinguer des objets épars – des blocs trapus, des silhouettes tarabiscotées, des choses recouvertes de toiles, pour les protéger. Ce serait un terrible désordre, mais familier, pas trop menaçant, sauf dans certains coins où l'ombre se ramasse comme un animal tapi.

Il y aurait des choses magnifiques mais fragiles comme des bulles, à manier avec précaution. D'autres choses auraient la solidité rassurante des outils que l'on manie tous les jours, des choses que la main reconnaît et dont elle s'empare avec confiance. D'autres choses encore étranges et attachantes, dont on ne sait pas trop quoi faire, mais qu'on se résout finalement à garder. Des choses qui dorment sous une poussière épaisse et veloutée comme les ailes d'un papillon de nuit, mais que l'on pourrait réveiller en une seconde, si besoin était.

Il y aurait des mélodies lointaines – la Courante de la Première suite pour violoncelle seul, de J.S. Bach, dont ma main gauche se souvient encore (sol-sol-ré-sol/si-do-ré-do...)... l'Air des Fleurs, de Delibes... Jeff Buckley et les Doors... Niyaz et Radiohead, Sigur Ros et Mùm et Massive Attack, et Lamb, et tous les autres qu'on écoute comme on respire.

Il y aurait – miracle – une brassée de pivoines toutes luisantes, rouges et blanches.

Derrière un rideau, il y aurait un grand lit blanc. Dessus seraient amoncelées des étoffes allant du pourpre sombre au violet tirant sur le brun – l'assortiment "prunier rouge", si l'on en croit les notes explicatives du Dit du Genji. Il y aurait aussi un kimono bleu nuit qui chuchote en glissant sur le parquet le long de couloirs interminables. Des fards, des dentelles et des chapeaux. Des bracelets en argent. Il y aurait aussi, bien entendu, une quantité incalculable de chaussures en tous genres.

Il y aurait le Japon imaginé, et le Tibet vécu. Le vent mongol et les champs d'obsidienne islandais. Il y aurait Londres au crépuscule. Et un peu de Bruxelles, pour la mélancolie. Il y aurait Paris un jour d'automne, Strasbourg sous le soleil et Madrid à l'aube. Il y aurait New York, seule dans la rue. Alicante et un cadavre de bélier sur la plage. La Toscane.

Il y aurait, pas trop bien rangés, des livres, des livres et des livres. Usés fatigués cornés, la tranche toute abîmée d'avoir été ouverts et posés à plat, pages contre terre. Ceux qui me donnent envie d'écrire et ceux qui me donnent envie de lire. Ceux qui m'emmènent ailleurs et ceux qui me font rester ici. Ceux qui me font me mordre les lèvres et ceux que je ne lis que le soir. Ceux que je ne comprends pas. Ceux que j'aime d'amour. Les autres.

Il y aurait l'argot d'Albertine Sarrazin et la prose au scalpel de Flaubert. Les inventaires de Zola et les méandres de Joyce. Les fulgurances de Ono no Komachi et les douceurs d'Apollinaire. Les complexités d'A.S. Byatt et le rêve doux-amer d'Haruki Murakami. Il y aurait le Dit du Genji et les légendes arthuriennes, Stephen King pour se faire un peu peur et Jane Austen pour se rassurer. Il y aurait des magazines féminins traînant juste à côté du Miracle, de Kenji Nakagami. Il y aurait tous ceux que je n'ai pas encore lus.

Sur une autre étagère seraient posées des choses pour les jours de pluie – le jour où on m'a dit "vous avez beaucoup de talent", même si c'était juste un prof de fac jugeant une nouvelle écrite en 2 heures. Mon relevé de notes du Certificat d'Aptitude en Japonais. Une déclaration à l'aéroport de Florence. Les choses à la fois rondes et carrées. Une séance d'arts plastiques dans le jardin de mes grands-parents, si hilares tous les trois que tout le quartier est venu voir ce qui se passait. Une gigantesque salade grecque pour 12 personnes (au moins) censée être "ben, pour Marilyn", et cachant un anniversaire pas comme les autres.

Sur une autre encore, des choses à ne bouger sous aucun prétexte.

Pour rester les pieds sur terre, il y aurait un jugement sans appel d'un professeur de français : "elle ferait mieux de s'en tenir aux haïkus".

Il y aurait aussi, dans un coin, un chat ceinture blanche en relations humaines, un moine aux yeux violets toujours de mauvaise humeur, un ange maladroit, un dragon en armure, un cow-boy de l'espace et une mini-lycéenne à couettes. Pas très loin se trouveraient The Hours, Babel, The Thin Red Line, Seven et The Taste of Tea. Histoire de rêver un peu, il y aurait des elfes, Ondine et une Vouivre.

Il y aurait un tatouage tout noir montant le long de la colonne vertébrale. Il y aurait une petite fille blonde au regard gris. Il y aurait Yoshitsune, héros de la pièce de kabuki Kanjinchô, immobile sur la scène du Palais Garnier, en kimono violet et hakama vert, visage invisible sous son chapeau conique et bâton de pèlerin appuyé sur l'épaule. Il y aurait les vierges préraphaélites au regard absent, et juste en face, les sourires de la Renaissance. Des estampes japonaises et les Glaïeuls de Soutine.

Il y aurait ceux que j'ai fait naître : Jeff, le garçon fleuriste voué à l'échec parce qu'il ne peut s'empêcher de traverser la rue chaque fois qu'il voit un feu vert, et Coccinelle, son amoureuse des beaux quartiers. Cécile qui s'est aperçu presque trop tard qu'elle aimait Blue. Judith la danseuse coincée pieds nus sur son palier. Masaïwend qui croyait à tort que l'heroic fantasy, ça s'écrit tout seul. Les enfants mangés par les loups de la toute tout toute première histoire que j'ai écrite. Et une joueuse de koto qui attend que la traduction du livre soit finie pour revenir sur le devant de la scène.

Il y aurait encore plein d'autres choses, mais on ne pourrait pas rester trop longtemps. Dehors, la vie attend.

Evidemment, c'est beaucoup plus classe -- et infiniment moins égocentrique -- quand c'est dessiné... Merci Nine !

mardi 1 avril 2008

80. Sur mon bureau

Je regarde
un noeud comme une pierre
jetée dans l'eau du bois

lundi 31 mars 2008

79. My Sassy Girl

My Sassy Girl, réal. Gwak Jae-Yong

Dans tous* les films coréens, il y a :
- une scène de vomi/vomitive/les deux
- une personne très très triste
- un/des passage/s à tabac
- quelqu'un qui se fait enterrer vivant
- quelqu'un qu'on frappe à l'aide de trucs bizarres (balles de golf, marteau, tuyau d'aspirateur - retrouvez le film correspondant à chaque objet)
- des arrestations arbitraires
- une séance de torture psychologique
- des fusillades

Les comédies sentimentales ne font pas exception.

*Bon, ok, dans tous les films coréens que j'ai vu. Qui sont au nombre de 6.

dimanche 30 mars 2008

78. Les joies de la traduction

J'ai tellement travaillé ce week-end que j'ai des acouphènes aux yeux. Si si.

Je pense également que mes empreintes digitales auront été effacées d'ici la fin du mois d'avril. A la place, il y aura toutes les lettres de l'alphabet, en bas-relief. Et Enter sur mon petit doigt droit.

vendredi 28 mars 2008

77. Choses qui font penser à Dieu

Le bruit de la mer, le vrai et celui qu'on retrouve en appliquant sa main contre son oreille -- La résille d'un arbre nu contre le ciel -- La reprise de Hallelujah par Jeff Buckley -- La théorie des cordes -- Une pyjama party -- Le vent, les tempêtes -- On connaît un instant de désespoir complet et absolu ; on est certain que rien n'ira jamais mieux - mais c'est à ce moment que le téléphone sonne. Au bout du fil, une personne à qui l'on tient, et qui demande "ça va ?" Tout de suite, on est rasséréné ; pas besoin de s'étendre sur ses malheurs, répondre "et toi ?" suffit à lever le plus gros des nuages -- La cathédrale de Strasbourg -- Marcher en montagne un après-midi d'automne -- Regarder la ville sous ses pieds depuis le haut d'un gratte-ciel -- Les incroyables exploits quotidiens de l'organisme humain - le coeur, le cerveau, les cellules et les synapses, les nerfs, le système immunitaire... même si on aurait pu souhaiter un peu plus d'application dans le principe de fonctionnement et de durabilité de certaines petites choses comme les dents, les cheveux... mais je digresse.

mercredi 26 mars 2008

76. Vu dans le métro

Un petit poème "Ma ville comme je l'aime", organisé par la RATP -- les lauréats voient leurs contributions affichées dans les rames de métro. J'adore celui-ci, mais j'étais trop loin pour voir qui était l'auteur...

"Une rue pavée dort
nous sommes au matin.
Personne n'est dehors
ils ne sont pas malins."

Genius or what ?

lundi 24 mars 2008

75. En marchant

La porte s'ouvre
et je disparais
-- reflet dans la vitre

samedi 22 mars 2008

74. One step beyond

Il y a eu...

... le morceau de baguette avec deux carreaux de chocolat au lait...
... la tranche de brioche avec une barre de Crunch...
... et là, je viens de passer à la madeleine avec petit oeuf fourré praliné.

Mais n'y a-t-il donc pas de limite à la décadence ?

vendredi 21 mars 2008

73. Pendant que les nems grillent

Beneath
the purple lakewater
lies black winter

mercredi 19 mars 2008

72. Void

Peel back
a corner of my skin --
underneath
a velvety darkness
revealed

lundi 17 mars 2008

71. Choses ennuyeuses à pleurer

Attendre le métro -- Ranger ses courses : on a acheté du surgelé, en plus, et le congélateur est déjà quasi-plein. Il faut tout ressortir, réarranger, réaménager, tasser... en sachant d'avance qu'on aura besoin, la prochaine fois, des petits pois qui sont coincés tout au fond -- Vider la machine à laver et étendre le linge, un vêtement après l'autre ; on ne peut s'empêcher de penser au bouquin qui attend dans la pièce à côté -- On prend le train : la plupart du temps, tout va bien. Mais parfois, on n'a pas apporté le bon livre, on n'a aucune envie de travailler et le paysage est d'une monotonie à tirer des larmes ; on sent passer les secondes les unes après les autres, et on se dit que c'est la vie qui s'écoule ainsi, pour rien -- De même dans un aéroport, entre deux avions -- Egrener des groseilles -- Un dimanche après-midi : il pleut -- On a traduit un très long document, et voilà que des modifications ont été apportées au texte d'origine : il faut tout reprendre et comparer, ligne après ligne, pour répercuter les changements -- Attendre son tour, où que ce soit.

vendredi 14 mars 2008

70. A part ça...

Je pense au Tibet.

mercredi 12 mars 2008

69. Coïncidences

Hier dans le métro, j'ouvre le bouquin que je suis en train de lire en ce moment, Grotesque, de Natsuo Kirino (pas terrible, au passage), quand à ma droite s'installe une petite jeune fille lisant... Out, de Natsuo Kirino.

Bon, on parlerait de J.K. Rowling ou Dan Brown, il n'y aurait pas de quoi fouetter un chat. Mais là, quand même...

Deux stations plus tard, j'entends, de la rangée de sièges en face : "tiens, vous lisez la même chose que moi !" Deux personnes assises l'une à côté de l'autre lisaient toutes les deux Ensemble, c'est tout...

Moralité : les lectrices d'Anna Gavalda sont plus sociables.

mardi 11 mars 2008

68. I dream of bones

Skeletons and wicker baskets
paperless fans
ribs bare branches
dices and bracelets
knuckles clavicles
strange clinkings
and very very wide grins

lundi 3 mars 2008

dimanche 2 mars 2008

66. Stations de métro

Mabillon -- Arts & Métiers -- Pyramides -- Bonne Nouvelle - on se demande bien laquelle -- Château Rouge -- Dugommier -- Ourcq -- Les Gobelins -- Picpus -- Glacière -- Le Vert de Maisons, mais c'est une station de RER -- Gaîté, et aussi Plaisance -- à Bruxelles, il y a Louise, et Madou ; comme deux amies d'enfance, dans les années 40, qui auraient vécu de terribles épreuves.

On peut déterminer quelle ligne est la plus pieuse (la 12, peut-être, avec Notre-Dame des Champs, Madeleine, Saint-Lazare, La Trinité d'Estienne D'orves, Notre-Dame de Lorette, Saint-Georges, Abbesses, Porte de la Chapelle)... la plus martiale (la 2, éventuellement, avec Charles de Gaulle-Etoile, Stalingrad, Colonel Fabien, Nation)... la plus historique (je penche pour la 1, avec Château de Vincennes, Nation, Bastille, Palais-Royal, Louvre Rivoli, Tuileries, Concorde)...

Et ma préférée entre toutes, à Londres : Elephant and Castle, qui aurait été nommée ainsi à cause d'une visite de l'Infante de Castille, que les Cockneys locaux avaient du mal à prononcer.

jeudi 28 février 2008

65. Examinee Registration number 6190101-30276, reloaded

... Ceux qui sont admis au Japanese-language proficiency certificate niveau 3 avec un score de 300/400 !*

Je suis trop trop TROP contente !

* cf. Note 17...

mercredi 27 février 2008

64. En lisant, en écrivant

En lisant, en écrivant (Julien Gracq)

"Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! Ce que j'attends seulement de votre entretien critique, c'est l'inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n'ai besoin que de la confirmation et de l'orgueil que procure à l'amoureux l'amour parallèle et lucide d'un tiers bien disant. Et quant à l''apport' du livre à la littérature, à l'enrichissement qu'il est censé m'apporter, sachez que j'épouse même sans dot. Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n'est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu'on s'en occupe".

Comme à chaque fois que je lis un commentaire littéraire -- la constatation que je ne sais rien ; et non seulement je ne sais rien, mais je ne comprends rien ! C'est assez décourageant. Mais en même temps, quel bonheur de lecture... et se dire qu'on va relire Salammbô, Le Rouge et le Noir, Madame Bovary, et peut-être même Les Chouans avec un oeil neuf !

mardi 26 février 2008

63. Life is short, but it is wide

My friends
I know them
I know their hearts
and the ways to please them
-- and yet
they always surprise me

mardi 19 février 2008

62. A travers le rideau

La lumière à la fenêtre de mon voisin !
Et moi qui croyais
être en train de regarder la lune...

dimanche 17 février 2008

61. Choses douces-amères

Manger une nectarine au bord de la mer -- Un long séjour chez des gens qu'on apprécie se termine ; on est content de rentrer chez soi, mais triste de partir -- Un verre de jus "mandarine-yuzu" de Fruité -- Par fatigue, on a décidé de ne pas aller à une fête ; alors qu'on est confortablement installé chez soi, on pense malgré tout aux réjouissances qui se déroulent ailleurs -- Du chocolat à l'orange -- En faisant du rangement, on tombe sur les lettres de quelqu'un qu'on a aimé autrefois -- Se coucher tôt -- Les larmes qu'on verse en regardant un film, un opéra, une pièce de théâtre ou un ballet.

On a fait une bonne action en toute discrétion, qui nous a beaucoup coûté ; personne ne sait qu'on en est l'auteur, mais dans une toute petite partie de soi, on espère que quelqu'un l'a remarqué malgré tout. Réflexion faite, dans ce cas, l'amertume même est douce.

samedi 16 février 2008

60. Métempsycose

J'aimerais bien être
une fille en manteau rouge et talons hauts
qui chercherait ses clés dans son sac
en attendant que le feu passe au vert

mercredi 13 février 2008

59. Random fact: les oreillers

J'ai appris que le mot makura -- l'équivalent japonais d'un oreiller -- proviendrait en fait de tama no kura, "réservoir à âme". Dans la mesure où on passe un tiers de notre vie à dormir, il semblait raisonnable de penser qu'une partie de notre âme demeure dans notre oreiller.

Ma source concernant cette hypothèse linguistique n'est pas très fiable, donc je ne sais pas si elle est vraie -- mais en tout cas, elle constitue une explication assez convaincante de l'état d'hébétude zombiesque qui s'empare de moi tous les matins dès que je quitte mon oreiller.

mardi 12 février 2008

58. Dissection

Cutting
The first layer
Translucent and papery
crinkling -- almost
gossamer parchment and butterfly wings

Cutting
The second layer
Smooth ivory
thicker -- dully glistening
slightly indented where fingertips pressed

Cutting
The third layer
Chewy and solid
sinewy yet not so -- fibrous
its solid pink saturated in deeper red

Cutting
The fourth layer
Hard nakedness
slippery satiny soft -- wood
bleached by salt and sand and sun

Cutting
No more layers
at last
you find -- a spark

dimanche 10 février 2008

57. Xīn nián hǎo

C'est l'année du Rat, dit-on.
Ayons une pensée émue pour le chat...

vendredi 8 février 2008

56. Choses irritantes

Les gens qui s'arrêtent juste devant les escalators -- On a mis un vêtement aux manches un peu larges, et elles se prennent dans toutes les poignées de portes -- Exceptionnellement, on a décidé de se coucher tôt ; on a fini tout ce qu'on avait à faire, le lit est fraîchement refait, l'oreiller retapé... et voilà que les voisins ont organisé une fête -- Rentrant tard le soir, on se réjouissait de manger tel ou tel plat, mais en arrivant chez soi, il manque un ingrédient crucial -- Se cogner la tête -- Aux heures de pointe, le métro s'arrête, ne repart pas, on ne sait pas pourquoi ; dans le wagon, les gens s'impatientent, tandis que de plus en plus de personnes en profitent pour monter à bord -- On a acheté un livre, et suite à une erreur d'impression, plusieurs pages sont manquantes -- On s'est levé trop tard, mais on a fait mille efforts pour rattraper le temps perdu ; et voilà que le métro est en retard -- Des vêtements qui s'abîment sitôt qu'on les a portés -- On a organisé tout son coucher, avec un verre d'eau à son chevet, un bon livre, assez de couvertures pour se tenir chaud. A peine est-on confortablement installé qu'on s'aperçoit qu'on a oublié son réveil, de l'autre côté de la pièce -- On décide de ne pas emporter son parapluie ; à peine a-t-on fait dix pas dehors qu'il se met à pleuvoir.

jeudi 7 février 2008

55. Besoin de calme...

... après qu'un nombre incalculable de personnes vous a pris la tête toute la journée ?

Partez en Mongolie !




mercredi 6 février 2008

54. Au crépuscule

En levant les yeux
la surprise de l'indigo lavé du couchant
au-dessus de la brume orange des réverbères

mardi 5 février 2008

53. Métro boulot dodo

The tedium of
plodding behind gawky tourists
along endless hallways
when all you want to do is
go home home home

lundi 4 février 2008

52. Pont Alexandre III

Watching the Seine go by

Gathering thoughts like fish in a net
-- thinking how easy it is to fall from grace

Remembering wet footprints in the bathroom
and shared breakfasts

dimanche 3 février 2008

51. Choses que je ne peux faire qu'en restant chez moi

Lire quatre bouquins à la fois et en choisir un cinquième pour quand j'aurais fini le troisième -- Regarder un DVD en mettant la tête sur le coussin rouge et les pieds sur le coussin vert, de l'autre côté du canapé, près du radiateur -- Décider de passer la journée au lit ; me lever, parce que l'idée de paresse se suffit à elle-même -- Me déhancher sur Groove Armada, volume à fond en son surround et basses poussées au maximum -- Attraper mal au dos illico et me rasseoir en décidant que Sigur Ros, c'est bien aussi -- Travailler jusqu'à 4h30 du mat' et me coucher avec le sentiment du devoir accompli -- Trier mes CD par ordre alphabétique, décider que c'est idiot et les reclasser par catégories -- Essayer toutes mes fringues pour voir comment elles vont avec mes nouvelles chaussures -- Regarder l'intégrale de Fruits Basket en une journée, sauf les deux derniers épisodes -- Les regarder quand même, en épuisant tous les mouchoirs de la maison -- Fumer une cigarette en buvant un verre de vin toute seule à la fenêtre le vendredi soir -- Poser mes clés et mon courrier sur le meuble dans le couloir -- Inviter du monde.