mercredi 30 avril 2008

90. Ikiningyô, de Yoshiko Hori

Un drôle de frisson hier soir en tombant sur les créations de Yoshiko Hori (me demandez pas comment, encore un parfait exemple de WTFWILF)...


Apparemment, une légende urbaine veut que ses poupées soient faites avec la peau et les cheveux de cadavres. Rigoureusement faux, mais significatif. Enfin... je ne sais pas, mais je les trouve troublantes. Ce n'est pas souvent que ça arrive, mais je crois que ça me plairait bien d'en fabriquer, moi aussi. Je leur ferais des cernes, et des cicatrices, et des tatouages.


Ca me fait penser aux masques de nô, à qui la lumière donne des expressions différentes. Un peu effrayant, et fascinant. J'aime bien que ce soient des poupées, et non des scultpures.


Enfin, tout ça n'est peut-être qu'une version vaguement évoluée de l'admiration sans bornes que je vouais à la poupée en costume espagnol qu'il y avait chez mes grands-parents, quand j'étais petite...

Si vous voulez en voir d'autres, ça se passe ici. Tant qu'on y est, toutes les photos sur ce post sont © Yoshiko Hori.

Et pour ceux qui se poseraient la question, Ikiningyô, ça veut dire poupée vivante...

samedi 26 avril 2008

89. Marks

A red welt where the bra strap was
A spot of skin rubbed raw by a sweater's label
The imprint of the belt on my belly
The trace of knee-highs socks on my calves

At night my body
like my mind
needs a few moments
to forget the day

mardi 22 avril 2008

88. School's out

For a few days I am staying in a house facing a school


Every morning I hear
the huge noise of kids' voices mingling
sloshing around the courtyard, lapping at my window

Then at 8:30 suddenly silence
the clamour canned, bottled in, swallowed up
To be spat out again at noonchimes

And I, hunched over my own work,
both pity and envy
This made-to-order frenzy
This ability to leap out screaming
at the top of one's lungs

dimanche 20 avril 2008

87. Choses qui ne font pas avancer le schmilblick

Se dire "juste un dernier macaron" -- Regarder par la fenêtre alors qu'on réfléchit à un problème -- Tenter d'avoir raison à tout prix -- On m'a offert de très jolis verres faits à la main, avec des incrustations qui font de légers reliefs ; j'en trace les contours du bout du doigt, sous la mousse, au lieu de continuer la vaisselle -- Dire "non non, parlons-en", sur un point de détail, durant une réunion qui s'éternise -- Jurer qu'on se mettra au ménage/au travail dès qu'on aura trouvé un bon CD à mettre en musique de fond -- Penser qu'on préférerait être morte -- Il faut se mettre en route, mais on n'a pas envie de partir ; on trouve mille choses à faire, on a oublié son parapluie, on change de pull, on ne sait pas quel livre glisser dans son sac -- Quelqu'un travaille tranquillement, et on vient faire des réflexions par-dessus son épaule -- Dans un bar, après quelques verres, on s'apprête à partir - et soudain arrivent des amis qui s'installent en disant "super, vous êtes encore là !" -- Essayer de monter à toute force dans un métro bondé alors que des gens sont encore en train d'en descendre -- Faire son blog alors qu'on devrait être en train de relire le chapitre 6.

jeudi 17 avril 2008

86. Top Five, le côté obscur

Ah ben oui hein... c'est bien beau les héros... mais en réalité... quoi de mieux qu'un terrible méchant bien cruel ? Donc, allons-y franco, voici mon Top 5 des affreux.

1. John Doe, de Seven. Terrifiant. Et contrairement aux autres "héros" de ce Top 5, je ne lui trouve pas de circonstances atténuantes.

2. Dracula. Les vampires d'une manière générale, en fait. Capes, canines, visages pâles, créatures nocturnes, chandelles et miroirs, tout ça tout ça...

3. Je vais faire un tir groupé pour les anime japonais, parce qu'il faut reconnaître qu'ils savent bien faire des super méchants ambigus, complexes et charismatiques, comme par exemple... Vicious, de Cow-Boy Bebop... Akito, de Fruits Basket... Ergo Proxy, dans la série du même nom (mais les choses sont-elles bien ce qu'elles semblent être ?)...

4. Steerpike, dans Gormenghast (Mervyn Peake). Ooooh, un vrai vilain, celui-là, manipulateur, arriviste, dangereux, avide, menteur -- une sale petite vipère.

5. Alien (oui, celui du film). Sérieux, vous ne la trouvez pas un peu fascinante, cette créature ?

Bon, là encore, il y en a plein d'autres -- par exemple Andy Lau dans Infernal Affairs... le Headless Horseman dans Sleepy Hollow... George Stark dans La Part des Ténèbres (Stephen King)... et tous les autres dont je me souviendrai demain matin en me réveillant. Bah, au pire, je ferai un deuxième tome !

lundi 14 avril 2008

85. Top Five

Claire m'a donné l'idée -- c'était trop long pour un com sur son blog et quelle nana ne rêverait pas d'un prétexte de passer en revue ses "5 héros masculins préférés" ? Donc, here we go :

1. Angelo, du Hussard sur le Toit. Grand, cheveux noirs, yeux verts et barbe de 3 jours. Téméraire, généreux, mélancolique, idéaliste, rêveur... et obsédé par ses magnifiques bottes ! Sans doute aussi le propriétaire de la réplique la plus cool du monde ; je la cite (de mémoire, pardon Jean Giono pour les approximations), juste parce qu'elle me remplit d'allégresse :
- "Moi, les mains blanches, je les emmerde, et je vais te montrer qui je suis." [c'est un militaire très impoli qui s'adresse à notre héros]
- "Cela se voit de reste", répondit Angelo, "vous êtes un grossier personnage, et je suis ravi que vous emmerdiez mes mains car je vais vous les mettre sur la figure".

Comment ne pas tomber amoureuse ?

2. Bon, là, je vais tricher à mort et faire une catégorie générale pour les gens de mauvaise humeur. J'aime bien quand les héros font tout le temps la gueule. Donc, en tête, il y a Genjô Sanzô du Saiyuki, son humeur massacrante, ses yeux violets et son sûtra. Il y a aussi Jin (Samurai Champloo), son mutisme et ses lunettes (également son coup de sabre dévastateur). Et il y a Kaoru, le "Général Suave" du Dit du Genji ; l'ancêtre des légions de jeunes hommes ultra-sensibles et torturés qu'on croise à tous les carrefours de la culture japonaise.

3. Witt, dans The Thin Red Line. Là, on ne rigole plus. Naïf et idéaliste, mais pas simpliste, pacifiste mais quand même prêt à mourir pour ses camarades de combat, courageux, sensible à la beauté du monde, euhm... Un des personnages masculins qui m'a le plus émue au cinéma. On pardonnerait presque à Jim Caveziel de n'avoir tourné que des navets ensuite.

4. M. Chow (Tony Leung), dans In The Mood For Love. Sauf que le malheureux finirait par mourir d'un rhume compliqué d'un cancer du poumon, car je lui demanderais sans arrêt de rester à fumer des cigarettes sous la pluie.

5. Ismaël, de Moby Dick. Parce qu'il a un super-sens de l'humour, qu'il en sait un rayon sur les baleines et qu'il a survécu à un naufrage. Parce que je lui imagine la tête de Corto Maltese. Parce que moi aussi, de temps en temps, j'ai des accès de dégoût de l'humanité et des envies de prendre le large. Sauf qu'au lieu d'embarquer, moi, j'achète une nouvelle paire de ballerines. On fait ce qu'on peut...

Voilà ! Mais il en manque plein à l'appel, évidemment : Jack Sparrow, Lancelot, Spike Spiegel, Neo, Boro, Fuse (de Jin-Roh), Grissom...



Peut-être qu'on devrait faire un Top 50, plutôt.

samedi 12 avril 2008

84. Lost keys

Now shedding tears not only
for the lost bunch of keys

But also for all things mislaid
trodden forgotten left behind
thrown carelessly away

Regrets and a keyring

mercredi 9 avril 2008

83. All work and no play...

... makes me want to run away

mardi 8 avril 2008

82. The sun is out

De bonne humeur soudain
en voyant la balustrade ouvragée de ma fenêtre
en ombre chinoise sur le rideau

dimanche 6 avril 2008

81. Chambre secrète

Alors... afin de rendre ce blog encore plus narcissique (si c'est possible), j'ai honteusement piqué l'idée de Nine : une chambre secrète, une sorte de placard de l'imaginaire où stocker tout ce qui fait de moi... ben... moi. Alors voilà. Désolée, c'est un peu long, mais c'était sympa à écrire.

Ca commencerait par une porte ; une porte massive, en bois patiné, cloutée de partout, avec une poignée en fer noir torsadé, qui résiste un peu quand on ouvre.

A l'intérieur, il ferait noir, mais pas trop. On sentirait une odeur d'encens et de bois, de fleurs fraîches mouillées et de bambou. Peu à peu, l'œil s'habituerait au demi-jour ; on commencerait à distinguer des objets épars – des blocs trapus, des silhouettes tarabiscotées, des choses recouvertes de toiles, pour les protéger. Ce serait un terrible désordre, mais familier, pas trop menaçant, sauf dans certains coins où l'ombre se ramasse comme un animal tapi.

Il y aurait des choses magnifiques mais fragiles comme des bulles, à manier avec précaution. D'autres choses auraient la solidité rassurante des outils que l'on manie tous les jours, des choses que la main reconnaît et dont elle s'empare avec confiance. D'autres choses encore étranges et attachantes, dont on ne sait pas trop quoi faire, mais qu'on se résout finalement à garder. Des choses qui dorment sous une poussière épaisse et veloutée comme les ailes d'un papillon de nuit, mais que l'on pourrait réveiller en une seconde, si besoin était.

Il y aurait des mélodies lointaines – la Courante de la Première suite pour violoncelle seul, de J.S. Bach, dont ma main gauche se souvient encore (sol-sol-ré-sol/si-do-ré-do...)... l'Air des Fleurs, de Delibes... Jeff Buckley et les Doors... Niyaz et Radiohead, Sigur Ros et Mùm et Massive Attack, et Lamb, et tous les autres qu'on écoute comme on respire.

Il y aurait – miracle – une brassée de pivoines toutes luisantes, rouges et blanches.

Derrière un rideau, il y aurait un grand lit blanc. Dessus seraient amoncelées des étoffes allant du pourpre sombre au violet tirant sur le brun – l'assortiment "prunier rouge", si l'on en croit les notes explicatives du Dit du Genji. Il y aurait aussi un kimono bleu nuit qui chuchote en glissant sur le parquet le long de couloirs interminables. Des fards, des dentelles et des chapeaux. Des bracelets en argent. Il y aurait aussi, bien entendu, une quantité incalculable de chaussures en tous genres.

Il y aurait le Japon imaginé, et le Tibet vécu. Le vent mongol et les champs d'obsidienne islandais. Il y aurait Londres au crépuscule. Et un peu de Bruxelles, pour la mélancolie. Il y aurait Paris un jour d'automne, Strasbourg sous le soleil et Madrid à l'aube. Il y aurait New York, seule dans la rue. Alicante et un cadavre de bélier sur la plage. La Toscane.

Il y aurait, pas trop bien rangés, des livres, des livres et des livres. Usés fatigués cornés, la tranche toute abîmée d'avoir été ouverts et posés à plat, pages contre terre. Ceux qui me donnent envie d'écrire et ceux qui me donnent envie de lire. Ceux qui m'emmènent ailleurs et ceux qui me font rester ici. Ceux qui me font me mordre les lèvres et ceux que je ne lis que le soir. Ceux que je ne comprends pas. Ceux que j'aime d'amour. Les autres.

Il y aurait l'argot d'Albertine Sarrazin et la prose au scalpel de Flaubert. Les inventaires de Zola et les méandres de Joyce. Les fulgurances de Ono no Komachi et les douceurs d'Apollinaire. Les complexités d'A.S. Byatt et le rêve doux-amer d'Haruki Murakami. Il y aurait le Dit du Genji et les légendes arthuriennes, Stephen King pour se faire un peu peur et Jane Austen pour se rassurer. Il y aurait des magazines féminins traînant juste à côté du Miracle, de Kenji Nakagami. Il y aurait tous ceux que je n'ai pas encore lus.

Sur une autre étagère seraient posées des choses pour les jours de pluie – le jour où on m'a dit "vous avez beaucoup de talent", même si c'était juste un prof de fac jugeant une nouvelle écrite en 2 heures. Mon relevé de notes du Certificat d'Aptitude en Japonais. Une déclaration à l'aéroport de Florence. Les choses à la fois rondes et carrées. Une séance d'arts plastiques dans le jardin de mes grands-parents, si hilares tous les trois que tout le quartier est venu voir ce qui se passait. Une gigantesque salade grecque pour 12 personnes (au moins) censée être "ben, pour Marilyn", et cachant un anniversaire pas comme les autres.

Sur une autre encore, des choses à ne bouger sous aucun prétexte.

Pour rester les pieds sur terre, il y aurait un jugement sans appel d'un professeur de français : "elle ferait mieux de s'en tenir aux haïkus".

Il y aurait aussi, dans un coin, un chat ceinture blanche en relations humaines, un moine aux yeux violets toujours de mauvaise humeur, un ange maladroit, un dragon en armure, un cow-boy de l'espace et une mini-lycéenne à couettes. Pas très loin se trouveraient The Hours, Babel, The Thin Red Line, Seven et The Taste of Tea. Histoire de rêver un peu, il y aurait des elfes, Ondine et une Vouivre.

Il y aurait un tatouage tout noir montant le long de la colonne vertébrale. Il y aurait une petite fille blonde au regard gris. Il y aurait Yoshitsune, héros de la pièce de kabuki Kanjinchô, immobile sur la scène du Palais Garnier, en kimono violet et hakama vert, visage invisible sous son chapeau conique et bâton de pèlerin appuyé sur l'épaule. Il y aurait les vierges préraphaélites au regard absent, et juste en face, les sourires de la Renaissance. Des estampes japonaises et les Glaïeuls de Soutine.

Il y aurait ceux que j'ai fait naître : Jeff, le garçon fleuriste voué à l'échec parce qu'il ne peut s'empêcher de traverser la rue chaque fois qu'il voit un feu vert, et Coccinelle, son amoureuse des beaux quartiers. Cécile qui s'est aperçu presque trop tard qu'elle aimait Blue. Judith la danseuse coincée pieds nus sur son palier. Masaïwend qui croyait à tort que l'heroic fantasy, ça s'écrit tout seul. Les enfants mangés par les loups de la toute tout toute première histoire que j'ai écrite. Et une joueuse de koto qui attend que la traduction du livre soit finie pour revenir sur le devant de la scène.

Il y aurait encore plein d'autres choses, mais on ne pourrait pas rester trop longtemps. Dehors, la vie attend.

Evidemment, c'est beaucoup plus classe -- et infiniment moins égocentrique -- quand c'est dessiné... Merci Nine !

mardi 1 avril 2008

80. Sur mon bureau

Je regarde
un noeud comme une pierre
jetée dans l'eau du bois