En lisant, en écrivant (Julien Gracq)
"Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! Ce que j'attends seulement de votre entretien critique, c'est l'inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n'ai besoin que de la confirmation et de l'orgueil que procure à l'amoureux l'amour parallèle et lucide d'un tiers bien disant. Et quant à l''apport' du livre à la littérature, à l'enrichissement qu'il est censé m'apporter, sachez que j'épouse même sans dot. Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n'est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu'on s'en occupe".
Comme à chaque fois que je lis un commentaire littéraire -- la constatation que je ne sais rien ; et non seulement je ne sais rien, mais je ne comprends rien ! C'est assez décourageant. Mais en même temps, quel bonheur de lecture... et se dire qu'on va relire Salammbô, Le Rouge et le Noir, Madame Bovary, et peut-être même Les Chouans avec un oeil neuf !
"Règle générale, j'ai rapporté ce que j'avais observé de curieux dans le monde ; mais j'ai choisi, de même, ce qui me semblait de nature à montrer la splendeur des hommes, et j'ai parlé encore des poésies, des arbres, des herbes, des oiseaux et des insectes." -- Sei Shônagon, Notes de Chevet
mercredi 27 février 2008
64. En lisant, en écrivant
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