mercredi 27 février 2008

64. En lisant, en écrivant

En lisant, en écrivant (Julien Gracq)

"Un livre qui m'a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d'enfance ! Ce que j'attends seulement de votre entretien critique, c'est l'inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n'ai besoin que de la confirmation et de l'orgueil que procure à l'amoureux l'amour parallèle et lucide d'un tiers bien disant. Et quant à l''apport' du livre à la littérature, à l'enrichissement qu'il est censé m'apporter, sachez que j'épouse même sans dot. Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n'est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu'on s'en occupe".

Comme à chaque fois que je lis un commentaire littéraire -- la constatation que je ne sais rien ; et non seulement je ne sais rien, mais je ne comprends rien ! C'est assez décourageant. Mais en même temps, quel bonheur de lecture... et se dire qu'on va relire Salammbô, Le Rouge et le Noir, Madame Bovary, et peut-être même Les Chouans avec un oeil neuf !

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