mercredi 30 janvier 2013

616. Random fact : Am Stram Gram

Rappelez-vous la comptine -- celle qu'on récite en faisant "plouf-plouf-plouf", pour décider qui sera le loup, dans le jeu. (Rappelez-vous aussi, au passage, les participants agenouillés en cercle, le bout des chaussures se touchant, la petite cérémonie où l'on fait bien attention de poser le doigt sur chaque pied tour à tour afin que la triche ne soit pas possible). Et maintenant...

"L'incantation antique au loup (qui se dit gram en vieux norois) sous sa forme développée est la suivante :

Emstrang Gram
Biga biga ic calle Gram
Bure bure ic raede tan
Emstrang Gram
Mos !

Le tan est la baguette du sort.
Le 'tan' en vieux norois est nommé en vieux français le 'brin' de la fée.
Si grain ou gram, en norois, nomme le loup, 'Mana gram' signifie le loup de la Lune. Dans le ciel le loup désigne l'étoile du soir qui poursuit la lune pour la dévorer. Le loup est la bête dévoratrice de l'enfer : Hel, Hell, Helle, Hellequin. Grain se lit encore, en français, dans Isengrin qui désigne le loup glouton dans la
Chanson de Renard. On peut alors traduire mot à mot l'incantation :

Toujours-fort Loup
Viens viens j'appelle Loup
Arrive arrive je demande au tan
Toujours-fort Loup
Manger !"

Voilà ce qui arrive quand on lit du Pascal Quignard... (Les désarçonnés)

dimanche 27 janvier 2013

615. Promenade (bis)

Une fois n'est pas coutume sortie à St. François-Xavier
le soleil dans les yeux c'est le printemps
aujourd'hui seulement

Dans le square d'Ajaccio des haillons de neige sale
attendent de fondre au pied du Général Gouraud

je laisse les Invalides derrière moi et les canons
du Musée des Armées pointés dans le dos
je descends l'esplanade

A hauteur de l'Ambassade d'Autriche ça sent
la viande grillée et je retrouve l'Ambassade de Finlande
à sa place
Place de Finlande

Puis le Pont Alexandre III avec à chaque extrémité
une mariée
en mantelet de fourrure ses volants de tulle
traînant dans le sel et l'humide
Et au milieu, une gerbe de l'Ambassade d'Azerbaïdjan

-- décidément qu'y a-t-il aujourd'hui avec les ambassades --

Le Grand Palais le Petit Palais les Champs-Elysées
que je ne voulais pas emprunter mais comment faire sinon

L'Obélisque et un détour par la Librairie des Jardins
les Tuileries que je ne vois pas
car je regarde le Louvre
-- sauf Thésée une mouette sur la tête

Depuis tout à l'heure des allégories me font de l'œil
à tous les coins de toit
mais moi aussi
moi aussi héroïque
brièvement
des étendards plein la tête dans les jardins du Palais-Royal
mon manteau ouvert claquant autour de mon ombre

je regarde l'Opéra maintenant
-- Apollinaire Zola --
dans la ruelle un cuisinier sort ses poubelles en chantant

Au garde-à-vous rue de la Paix
je prends enfin le temps de me moucher

Les vitrines inaccessibles pour une fois
je m'en fiche je suis ce corbeau
qui se lisse les plumes devant le Théâtre Athénée
dans sa coquille de façades

je traverse au rouge
dans les rues désertées je suis la seule
à savoir où je vais j'évite
les photographes les poussettes
je marche dans les flaques
je regarde le ciel à travers la résille des arbres

et puis enfin là revenue

Regardant mes chaussures maculées de boue blonde
et l'ampoule qui enfle sur mon talon droit

mardi 22 janvier 2013

614. Angelmaker

Angelmaker
Nick Harkaway
Windmill Books

"Joshua Joseph Spork, by all that's holy! Good gracious you've been bound, what appalling brutality! A client of mine... I'm shocked. And you've been so cooperative in the face of such gross provocation. In this age of chat-show rage, Joseph, I believe that makes you a paragon of virtue. Isn't he a paragon of virtue, Mr Titwhistle? How do we spell that, by the way, for the writ? 'Titwhistle', not 'paragon'. Joe, congratulations, you're rich. Rodney here is going to give you all his money, or at least, all of his organisation's money. What organisation is that again? I suppose, ultimately, the Treasury? Well, then there'll be plenty, won't there? How very fortunate, although if you wouldn't mind having a word with the Chancellor, Mr Titwhistle, and letting him know not to buy any nuclear missiles or bail out any banks until we've settled, I'd be grateful, one wouldn't want there to be a shortfall. Yes, Mr Titwhistle, I am aware that you believe you are beyond such mundane considerations but allow me to assure you that, if we marked lawyers the way we do military aircrafts, I would have painted on my fuselage the outlines of a number of untouchable government departments now defunct. I am Mercer Cradle of the old established firm of Noblewhite Cradle, and I can sue anything. And is this your henchman? Do you know, I've always wondered what that means. How exactly does one hench? Is there a degree in henching or is it more of an apprenticeship?"

L'histoire de Joe Spork, qui met en marche sans s'en douter une terrible machine destructrice... et doit ensuite en sauver le monde avec l'aide d'une espionne de 90 ans et divers autres acolytes, dont un chien absolument terrible.

Impossible de ne pas penser à Neil Gaiman -- un type "ordinaire" (ordinaire ? Hmmmm...) embringué "par hasard" (par hasard ?? Hmmmm...) dans une histoire qui le dépasse, et qui croise plein de personnages hétéroclites, bons ou méchants, dans les rues de Londres (Londres ??? Hmmm... Non, je plaisante, ça se passe vraiment à Londres).

Tout de même, ce n'est pas juste du copié-collé. C'est steampunk -- là où Neil Gaiman aime plutôt mettre de la magie. Je préfère l'écriture de Gaiman, personnellement, mais ça ne veut pas dire que c'est mal écrit (cf. l'extrait) ; parfois ça semble un peu forcé, quand même, les effets comiques et les comparaisons astucieuses.

Mais je l'ai fini en un week-end : le suspense est ultra-bien mené, l'histoire se tient parfaitement, le principe de la machine destructrice est assez génial... D'une manière générale, on sent que l'auteur veut avant tout que son lecteur prenne du bon temps -- et ça, ça fait pardonner beaucoup de choses.

dimanche 20 janvier 2013

613. Alors oui mais en fait non

Bon eh bien, force est de constater que la formule "je publie chaque dimanche" ne me convient pas très bien.

Elle m'aura au moins appris que la "temporalité" (ouh le grand mot) est inséparable de ce que j'écris -- quand quelque chose me vient en tête, c'est lié à un instant, et si j'attends pour publier... ça n'a plus trop de sens, en fait. Je sais que ça ne change rien pour le lecteur, qui, par définition, n'est pas dans ma tête et ne vit pas le même instant, mais bon. Déjà ils ne sont pas très nombreux (mais je leur fais des biz !), et puis... ben c'est mon blog, après tout.

Donc, je vais revenir à l'ancienne formule -- et tant pis si le rythme est plus lent par intervalles, il faut que je m'y fasse. (En revanche, la résolution de mettre plus d'images tient, quant à elle). Voilà.

Et puis j'en profite pour dire merci à ceux qui me lisent depuis le début (ou depuis hier, d'ailleurs), tiens, puisqu'on y est. Sans vous tout ça n'aurait pas beaucoup de sens, au final.

samedi 19 janvier 2013

612. Nightsnow

Ils tombent et tombent mais
ne parviennent pas à recouvrir
leur ombre -- les flocons

dimanche 13 janvier 2013

611. Points of view

In all four corners of the world
here we are saying
this is what should be done about
babies water brotherhood
money sleep aliens
and the common cold

All of which
None of which
is true

dimanche 6 janvier 2013

610. Choses de Londres

Le bruit de la Tamise sur les quais au crépuscule -- Toutes les nuances de gris, de l'os à l'anthracite ; Londres est une ville faite pour le mauvais temps, le scintillement de la pluie sur la pierre humide et le brouillard qui découpe d'autres reliefs -- Les paninis brie-bacon -- Rêver dans le fabuleux bric-à-brac du Victoria & Albert Museum -- Les ruelles louches, tout à coup, crades, avec un ruisselet innommable qui coule au milieu -- L'accent cockney et toutes les expressions qui vont avec -- Les librairies -- L'odeur du métro -- Liberty, ses façades à l'ancienne et ses escaliers de bois -- Le carillon Atkinson, près de Burlington Gardens, qui donne son petit concert à tout le quartier -- Les mélanges - de tout, architecture, vêtements, cuisines, populations, langages... -- Traverser Hyde Park à petits pas en longeant la Serpentine en compagnie des écureuils et des mouettes, avant de rejoindre Marble Arch et sa tête de cheval -- Les noms : Craven Alley, Cheval Place, Crouch End, Pimlico, Seven Dials...

mardi 1 janvier 2013

609. Bonne année !

Oui oui, on n'est pas dimanche... mais je voulais être à l'heure pour la nouvelle année !

Et donc, si vous passez par ici aujourd'hui, je vous souhaite plein de bonnes choses pour 2013 -- j'espère que tout ce à quoi vous pensez lorsque vous fermez les yeux en vous disant "j'aimerais bien..." se réalisera !

Pour bien commencer, un de mes morceaux préférés, Gorecki, de Lamb. Aucune allusion à ma vie personnelle ni rien du tout, c'est juste que j'aime énormément la progression de la mélodie et une certaine sérénité paradoxale dans les paroles. A écouter de préférence assez fort au casque... (sauf si vous avez trop la gueule de bois, hem hem).