Sous les réverbères nos petites vies
familières -- et au dessus les arbres
le vent et le noir
"Règle générale, j'ai rapporté ce que j'avais observé de curieux dans le monde ; mais j'ai choisi, de même, ce qui me semblait de nature à montrer la splendeur des hommes, et j'ai parlé encore des poésies, des arbres, des herbes, des oiseaux et des insectes." -- Sei Shônagon, Notes de Chevet
dimanche 22 décembre 2013
690. Dans le parc, 20h38
mercredi 18 décembre 2013
689. The Dictionary of Obscure Sorrows
Je suis tombée là-dessus par hasard. Certes c'est une lecture assez mélancolique mais ça m'a fait toute ma pause déjeuner, alors je le mets ici : The Dictionary of Obscure Sorrows.
Parfois il y a des choses qu'on aurait aimé inventer, ou à tout le moins dont on aurait aimé faire partie -- c'est le cas ici. Encore un mot à inventer, tiens...
lundi 16 décembre 2013
688. 10 choses qui ont changé depuis le déménagement des bureaux
Je suis passée de Belleville à Opéra...
- Il n'y a plus de vomi devant la porte de l'immeuble.
- Il y a encore des Chinoises sur le trottoir, mais elles attendent le taxi au sortir du Printemps plutôt que le client.
- Un ticket restaurant ne suffit plus pour le déj'.
- Il y a des mecs en costard partout.
- A Belleville, avec deux euros, je pouvais acheter un jean. Ici, ça suffit tout juste pour un petit pain.
- Autrefois, on avait le clochard du coin qui promenait son chien. Maintenant, on a Gilbert Melki qui gare son scooter.
- Avant, j'étais (presque) la mieux habillée du quartier (genre). Maintenant... comment dire... plus du tout.
- Le Palais Garnier est bien moins pratique pour les pique-niques que les Buttes Chaumont.
- D'un autre côté, le Palais Garnier est bien plus pratique pour les ballets que le Canal Saint-Martin.
- Pour l'instant, on n'a rien trouvé qui soit à la hauteur du Ventre de l'Architecte.
dimanche 8 décembre 2013
jeudi 21 novembre 2013
686. A part ça...
Deux heures maintenant que quelqu'un, dans l'immeuble, passe la ponceuse ou que sais-je. Deux heures d'affilée de zonzonnement strident -- je compte les minutes. J'en peux plus. Et une heure à tenir avant d'atteindre l'horaire syndical pour partir.
(Oui je sais, ça n'a rien à faire sur ce blog, mais j'en ai MARRE. Fallait que j'en parle).
vendredi 15 novembre 2013
685. 436
Ce soir je suis arrivée à la moitié.
436 pages.
Je n'en reviens pas, jamais je n'aurais pensé aller aussi loin.
Bon en chemin il y a eu cruelle désillusion, mais hein. Et à partir de maintenant, eh bien... il reste moins à traduire qu'il n'y a eu de traduit. (Hmm... cette phrase est-elle bien claire ?...)
J'en profite pour remercier mes relectrices, au passage. Pas sûr que j'aurais tenu jusque là sans elles.
lundi 11 novembre 2013
684. Pillars
Ainsi sans doute ce sont les arbres
-- leurs doigts noueux
solidement agrippés --
qui tiennent le monde
mercredi 6 novembre 2013
mercredi 30 octobre 2013
samedi 26 octobre 2013
681. 2h35 du matin, place de Varsovie
Diminuée soudain -- réduite
à son métal : la Tour Eiffel
entièrement éteinte
lundi 21 octobre 2013
680. Choses qui tiennent au creux de la main
Un oeuf -- Une pièce de monnaie pour le SDF qu'on croise tous les matins au même endroit -- Le minuscule poing serré d'un nouveau-né : une main dans une main -- Un baiser à envoyer, un baiser à recevoir -- De l'eau -- Un hamster -- Le bijou qu'on vient de retirer -- L'arrondi d'un verre de vin -- Une vie -- Un petit tas de sel (pour l'oeuf).
mercredi 16 octobre 2013
mercredi 9 octobre 2013
678. Random fact: Uhtceare
"Uhtceare is an Old English word that refers to anxiety experienced just before dawn. It describes that moment when you wake up too early and can't get back to sleep, no matter how tired you are, because you're worried about the day to come."
Ca me fait absurdement du bien au cœur que de tels mots existent. Celui-ci, je le dois à Mark Forsyth, en passant par ici.
lundi 30 septembre 2013
677. 30-Day book challenge: En ce moment...
Qu'est-ce que tu lis en ce moment ?
Il y en a deux ! Pour le métro, Debt, the first 5 000 years, de David Graeber. Une histoire de la dette, donc, vue par un anthropologue. Vraiment intéressant, et qui se lit relativement facilement.
Et pour la maison, La vie à Paris pendant la Révolution, de G. Lenotre (oui, juste "G"). Un parti-pris trèèèèèèès discret dans la narration, mais il y a plein d'extraits de documents très intéressants.
Et voilà ! Challenge FINI !! Je ne pensais pas y arriver, pour être franche. Et ça va faire plaisir de revenir au programme habituel, en fait...
dimanche 29 septembre 2013
676. 30-Day book challenge: Sous-estimés
Un auteur qui mérite d'être mieux connu d'après toi
Je ne sais pas trop... C'est un peu idiot parce qu'elles ont une réputation solidement établie en Angleterre -- mais je trouve qu'A.S. Byatt et Hilary Mantel sont relativement méconnues en France, et c'est bien dommage. Alors si vous passez par ici, un conseil, lisez-les !
samedi 28 septembre 2013
675. 30-Day book challenge: Rattrapage III
Houlà j'ai pris du retard, moi, pour cause d'absence… et comme je suis super crevée, je vais être assez lapidaire…
Le livre le plus "nerdy" que tu aies lu ?
Euh… Un Cendrillon japonais du Xème siècle, de S. Mauclaire, peut-être ? Je ne sais pas si ça correspond tout à fait à la question... C'est une étude comparée entre Cendrillon et l'Ochikubo Monogatari, deux contes qui ont plus ou moins la même trame.
Quand je suis tombée dessus je venais de terminer le Dit du Genji, et je cherchais des informations sur la littérature japonaise du Xème siècle, sur l'époque, etc. Du coup j'ai pris ça… mais j'avoue bien honnêtement que je n'en ai pas tout compris.
Ton genre préféré hors fiction ?
J'ai mis du temps à venir aux ouvrages "sérieux" -- et dans le genre, je pense que c'est la critique littéraire qui me plaît le plus, même si (cf. question précédente…) je n'ai pas forcément une culture assez étendue pour en tirer le maximum.
Ton genre préféré en fiction ?
Je n'en ai pas vraiment ! Je dirais que je préfère les bouquins où la langue est aussi importante que l'intrigue -- où l'écriture fait partie intégrante de la valeur du livre (là où certains se contentent de raconter une histoire -- ce qui est déjà énorme, je ne dis pas le contraire !)
Le premier livre que tu aies lu seule ?
Selon mes souvenirs, c'est un bouquin de la Bibliothèque Rose sur un petit soldat -- j'étais très fière parce qu'il n'y avait pratiquement pas d'images !
mardi 24 septembre 2013
674. 30-Day book challenge: Game of Thrones
Quelle est ta série préférée ?
Je n'en lis pas beaucoup, des séries. J'aurais pu dire The Dark Tower, de Stephen King, mais je trouve que les choses ont mal tourné à partir du tome 5. Ce sera donc Game of Thrones -- même si, pour le coup, les choses peuvent encore mal tourner...
lundi 23 septembre 2013
673. 30-Day book challenge: Amour dans une petite ville
Un livre que tu détestais et que tu aimes bien maintenant ?
On ne peut pas dire que je le détestais, mais la première fois que j'ai lu Amour dans une petite ville, de Wang Anyi, il m'a laissé plutôt indifférente.
Et puis je suis retombée dessus un jour où je devais partir en vitesse et pas le temps de chercher un autre livre pour dans le métro ; je ne sais pas ce qui a changé entre temps, peut-être que j'étais plus d'humeur pour ce genre d'histoire (deux danseurs tombant amoureux en Chine, à l'époque de la Révolution culturelle)... En tout cas, il m'a tellement plu que j'ai lu deux autres livres de Wang Anyi presque l'un à la suite de l'autre. J'aime beaucoup son écriture, aussi "sensorielle" quand elle décrit des paysages que des sentiments.
Un petit passage, traduit par Yvonne André aux éditions Picquier :
"La mélopée des porteurs d'eau retentit, alternant le haut et le bas, entrecoupée par le grincement des roues, elle glisse sur l'eau miroitante. La brume se dissipe, les chants se font plus sonores, plus hauts, mais gardent un fond de mélancolie indicible, partant du ras de l'eau, ils s'élèvent de plus en plus. Les roues des charrettes se frayent un chemin dans la boue, passent d'une ornière à l'autre dans un cahot qui ébranle la charge, agite l'eau qui jaillit hors du tonneau, et le chant se transforme en trille. Ce chant ne cesse alors d'alterner pauses et trilles qui révèlent les inégalités du chemin."
dimanche 22 septembre 2013
672. 30-Day book challenge: Ahab's Wife
Un livre que tu adorais et que tu n'aimes plus ?
C'est une question triste -- mais c'est vrai que ça peut arriver. En l'occurrence, avec Ahab's Wife, de Sena Jeter Naslund. Je l'ai littéralement dévoré en un peu moins de 48 heures quand je l'ai lu pour la première fois, et il est resté pendant longtemps dans ma liste des préférés.
Puis je l'ai repris l'an dernier et il m'a énervée, bizarrement. Peut-être parce qu'entre temps j'ai lu Moby Dick en entier. Je trouve que l'auteur a essayé d'en mettre trop dans le même livre -- sans le génie de Melville pour y parvenir tout à fait. L'héroïne, par ailleurs, m'est devenue tout à fait antipathique. En fait je crois que je vais arrêter là, parce qu'il me reste de bons souvenirs de lecture, avec ce livre, je ne veux pas les gâcher. Je vais en mettre un extrait ci-dessous (aux éditions Women's Press), juste parce que, et puis le ranger dans ma bibliothèque...
"Think of a kite. You know the pleasure in that, I am sure. It is you who are up there dancing, riding the wind. Yes, those who really love to fly the kite no longer have two feet planted firmly on earth. Though there is pleasure in the horselike, alive-seeming pull on that elongated rein of kite string, if you soar airborne with the kite, then perhaps you rejoice with the eagerness and liberty of my sky-climbing."
samedi 21 septembre 2013
671. 30-Day book challenge: Rattrapage II
Un livre que tu trouves vraiment très sous-estimé
De Zola, on a tendance à toujours entendre parler des mêmes -- Nana, La Bête humaine, L'Assommoir, Germinal... Moi j'ai une certaine tendresse pour Le Rêve. Je sais que c'est une bluette affreusement sentimentale, mais justement. Je l'ai lu pour la première fois juste après Pot-Bouille, et franchement, ça faisait du bien.
En dehors de l'histoire d'amour, que je trouve contée de manière pas trop niaise, les thèmes abordés me plaisent énormément : la broderie, les cathédrales, les légendes catholiques... C'est un tout petit livre très court, et il laisse exactement l'effet de son titre : un rêve.
"Le silence retomba, profond, troublé seulement par un chant affaibli qui venait de l'église. Hubert ordonnait son dessin, en repassant, avec un pinceau, toutes les lignes pointillées de la ponçure ; et les ornements de la chape apparaissaient ainsi, en blanc, sur la soie rouge. Ce fut lui qui, de nouveau, parla. 'Ces temps anciens, c'était si magnifique ! Les seigneurs portaient des vêtements tout raides de broderies. A Lyon, on vendait l'étoffe jusqu'à six cents livres l'aune. Il faut lire les statuts et les ordonnances des maîtres brodeurs, où il est dit que les brodeurs du roi ont le droit de réquisitionner par la force armée les ouvrières des autres maîtres... Et nous avions des armoiries : d'azur, à la fasce diaprée d'or, accompagnée de trois fleurs de lis de même, deux en chef, une en pointe... Ah ! c'était beau, il y a longtemps !'"
L'endroit où tu aimes le plus lire
Partout ! Mais j'aime particulièrement les longues matinées du week-end, tranquille chez moi, sur mon lit. Ou dans le train, mes écouteurs bien calés dans mes oreilles, et le paysage qui défile pour réfléchir de temps en temps à ce que je viens de lire.
Le livre le plus dérangeant que tu aies lu
Sans conteste Une affaire personnelle, de Kenzaburô Ôé
L'histoire d'un homme, Bird, dont le bébé naît malformé -- suite à quoi Bird traverse une crise personnelle profonde.
J'ai bien peur de ne pas rendre justice à ce livre, parce que je ne l'ai lu qu'une seule fois et il m'a tellement choquée que je ne l'ai jamais rouvert. Il y a des passages vraiment durs, mais ce n'est jamais gratuit. Il est aussi plein de nuances et de compassion -- et d'une sorte de vitalité, d'optimisme qui méritent qu'on aille jusqu'au bout du livre.
mercredi 18 septembre 2013
670. 30-Day book challenge: Le Maître et Marguerite
Un livre que tu trouves vraiment très surestimé
Ca va être Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov. Je sais que c'est un livre culte, et j'aurais du mal à dire pourquoi il m'a laissé une impression aussi négative... Mais j'ai trouvé le tout brouillon, trop long et décousu -- et les personnages m'ont semblé antipathiques.
Bon, ceci dit, j'ai essayé de le lire il y a longtemps et apparemment dans une traduction qui n'est pas terrible. Peut-être que je devrais retenter ma chance.
mardi 17 septembre 2013
669. 306-Day book challenge: La montagne magique
Un livre que tu voudrais aimer sans y parvenir ?
Je pense que ce serait La Montagne Magique, de Thomas Mann. J'ai entendu tellement de bien de cet auteur que j'ai essayé de le lire à plusieurs reprises -- sans jamais accrocher. Trop abstrait, trop détaché, trop ironique peut-être ; sans doute que je n'ai pas non plus les bons repères -- littéraires, historiques et sociologiques -- pour comprendre vraiment son oeuvre. Je n'ai pas autant de problèmes avec Karen Blixen, de la même époque environ, et que je rapprocherais un peu, par le style et les thèmes, de Thomas Mann.
Un petit extrait pour la route, quand même (aux éditions Vintage -- je m'étais dit qu'en anglais ça passerait peut-être mieux... mais pas moyen, je ne l'ai jamais terminé) :
"What is time? A mystery, a figment -- and all-powerful. It conditions the exterior world, it is motion married to and mingled with the existence of bodies in space, and with the motion of these. Would there then be no time if there were no motion? No motion if no time? We fondly ask. Is time a function of space? Or space of time? Or are they identical? Echo answers. Time is functional, it can be referred to as action; we say a thing is 'brought about' by time. What sort of thing? Change! Now is not then, here is not there, for between them lies motion."
lundi 16 septembre 2013
668. 30-Day book challenge: 50 Shades of Grey
Un livre que tu n'as jamais lu et que tu n'as aucune intention de lire ?
Alors celle-ci, elle était facile : 50 Shades of Grey, de E.L. James. Je crois que ça se passe de commentaires...
dimanche 15 septembre 2013
667. 30-Day book challenge: Le rêve dans le Pavillon Rouge
Un livre que tu as l'intention de lire ?
Je vais dire Le rêve dans le Pavillon Rouge, de Cao Xueqin.
Il y a longtemps que je veux le lire... on me l'a offert à mon dernier anniversaire (celui de l'an dernier)... et j'ai du mal à m'y mettre, car c'est long et complexe, pas facile à emporter dans le train/métro. Mais je vais y arriver, tôt ou tard !
samedi 14 septembre 2013
666. 30-Day book challenge: Les Notes de chevet
(Ooooh note n°666 !)
Un livre que tu regrettes de n'avoir pas lu plus tôt
Je pense que ce serait les Notes de chevet, de Sei Shônagon. J'adore ce mélange de listes et d'anecdotes, de poésies et d'allusions obscures à des choses dont j'ignore tout, ce qui rend le bouquin encore plus exotique -- et pourtant très très proche.
J'en ai entendu parler pour la première fois à la fac, par le biais du film The Pillow Book, de Peter Greenaway. Je l'ai cherché dans quelques librairies strasbourgeoises sans le trouver -- et comme Amazon n'existait pas, à l'époque (aaaah, ça ne me rajeunit pas, tout ça...), j'ai laissé tomber. Peut-être que ça m'aurait poussée à aller un peu plus loin dans mes études de japonais ? (Sans doute que non.)
Un petit extrait, traduit par André Beaujard aux Editions Gallimard :
"Une dame, qui s'est fâchée à propos de quelque bagatelle, ne s'endort pas à côté de son galant, elle s'agite et finit par le quitter pour aller s'étendre ailleurs. L'homme s'approche d'elle tout doucement, il essaie de la faire revenir ; mais elle est encore déraisonnable, et d'humeur étrange ; et comme elle se montre trop entêtée, il lui dit : 'A votre aise' ; puis il va, plein de ressentiment, s'envelopper dans ses couvertures. Après qu'il s'est couché, comme on est dans la saison froide, la dame, qui n'a qu'un vêtement non doublé, se sent transie. Malheureusement, tout le monde dort ; sans doute, l'homme qu'elle a laissé seul dort également, elle ne sait ce qu'il fera si elle se lève. La nuit est profonde, et la dame reste couchée, pensant qu'elle aurait mieux fait, puisqu'elle voulait se fâcher, de quitter beaucoup plus tôt son ami. A l'intérieur de la maison, au-dehors aussi, elle entend des choses qui résonnent, elle a peur. Alors, elle se glisse doucement vers son amant, elle tire et soulève la couverture qui le protège contre le froid ; mais il fait semblant de dormir, c'est bien mortifiant pour elle. Et quand il lui dit : 'Faites donc encore un peu l'obstinée !'"
vendredi 13 septembre 2013
665. 30-Day book challenge: Childhood
Un livre de ton enfance ?
Les livres de contes, sans le moindre doute. J'en avais déjà parlé ici, en fait.
Mes préférés étaient les contes scandinaves et les contes asiatiques -- en y réfléchissant, je me demande dans quelle mesure ça a façonné mes goûts d'aujourd'hui, les voyages et le goût de l'ailleurs, même si ce n'est que dans la tête.
Et la collection TimeLife de contes illustrés qu'il y avait chez mes grands'parents, classés par couleurs selon les thèmes... Des heures passées à rêver sur les illustrations, à frissonner sur les créatures de la nuit dans les livres noirs, à construire mes propres contes ensuite. C'est drôle comme certains des meilleurs souvenirs de mon existence sont dans des pages.
jeudi 12 septembre 2013
664. 30-Day book challenge: Movies
Hop, de nouveau une séance de rattrapage because absente hier...
Cinq excellentes adaptations de livres au cinéma ?
Hmmm... alors... je dirais :
Le Seigneur des Anneaux, de J.R.R Tolkien, adapté par Peter Jackson -- mais seulement les deux premiers tomes. Le troisième s'est un peu perdu en chemin, quand même.
Ex-aequo parce que vraiment je n'arrive pas à choisir, deux Jane Austen : Pride and Prejudice par Joe Wright et Sense and Sensibility par Ang Lee, de très beaux films qui respectent assez bien le bouquin à chaque fois. Ou en tout cas ne le dénaturent pas.
Atonement, de Ian McEwan, adapté par Joe Wright (encore !). Je triche un peu parce que je n'ai pas lu le livre, mais le film m'a scotchée visuellement -- et l'histoire est très belle aussi.
Much Ado about Nothing, de Shakespeare, par Kenneth Branagh. Là je triche aussi, parce que c'est une pièce de théâtre, pas un livre-livre. Mais le film est tellement excellent !
The Princess Bride, de William Goldman, adapté par Rob Reiner. Rien à dire de plus, juste génial sur la page ou à l'écran.
Trois épouvantables adaptations de livres au cinéma ?
Possession, Possession et Possession. Non bon ok. Je dirais :
Possession, donc, de A.S. Byatt, adapté par Neil LaBute. Epouvantable. Certes je ne suis pas sûre que ce soit un livre correctement "transférable" en film, mais là, c'est un massacre. Et les acteurs ne sont pas à la hauteur (quand bien même je trouve que Gwyneth Paltrow était un assez bon choix pour Maud. Mais Aaron Eckhart pour Roland ???)
Jane Eyre, de Charlotte Brontë, adapté par Zeffirelli. Je l'ai vu il y a des années, donc je ne m'en souviens pas très bien, je me rappelle juste que les libertés prises par le cinéaste m'avaient scandalisée et que toute la profondeur de l'histoire, une fois de plus, ne ressortait pas. Pourtant, Charlotte Gainsbourg fait une très bonne Jane. ET PUIS BON SANG DE BONSOIR DE SCROGNEUGNEU ARRETEZ DE PRENDRE DES ACTEURS AUX YEUX CLAIRS POUR JOUER ROCHESTER.
Twilight de Stephenie Meyer, adapté par Catherine Hardwicke. Encore de la triche : je n'ai lu aucun des bouquins et je n'ai "vu" que le premier volet... que j'ai trouvé purement mauvais.
mardi 10 septembre 2013
663. 30-Day Book challenge: Quotes
Quelles sont tes citations préférées ?
Bon, je suppose que le questionnaire voulait plutôt des citations profondes et riches d'enseignements sur la nature de l'humanité... mais ce n'est pas trop mon truc, j'avoue. J'ai préféré aller chercher dans ma bibliothèque cinq livres que j'aime énormément et en tirer des petits extraits qui me plaisent -- un peu comme ce que j'avais fait ici.
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"Blue foxes are so curiously like stones that it is a matter for wonder. When they lie beside them in winter there is no hope of telling them apart from the rocks themselves; indeed they're far trickier than white foxes, which always cast a shadow or look yellow against the snow."
-- The Blue Fox - Sjon
"I want to know my own will
and to move with it.
And I want, in the hushed moments
when the nameless draws near,
to be among the wise ones --
or alone."
-- The Book of Hours - R.M. Rilke
"It is not given, even to the gods, to take complete, foolproof, perfect precautions. There will be a loophole, slippage, a dropped stitch, a moment of weariness or inattention. The goddess called everything, everything, to promise not to harm her son. Yet the shape of the story means that he must be harmed."
-- Ragnarök - A.S. Byatt
"And, sometimes, sitting by the stove, feet numb and cheeks burning, Bigelow lifts his head from his task and is struck by its absurdity. He isn't drawing moutains or rivers or canyons, all those features of the earth that have existed for aeons; and neither is he mapping countries or cities or even streets, the work of centuries. No, Bigelow records ephemera: clouds; a fall of rain or of snow; hailstones that, after their furious clatter, melt silently into the ground. Like recounting a sigh."
-- The Seal Wife - Kathryn Harrison
"Plus la nuit va plus elle scintille
la lune dont je puise l'éclat
Gare aux fumées du sel qui brûle
La mer nous réduit-elle déjà à si peu de choses ?
Pourquoi nous faut-il en plus subir
les rigueurs de l'automne ?
Ah Matsushima l'île aux pins
Ôjima la grande île
là-bas ceux qui pêchent sous le clair de lune
ils en ont du plaisir à puiser son reflet
ils en ont du plaisir à puiser son reflet."
-- Matsukaze, un nô de Zéami
lundi 9 septembre 2013
662. 30-Day Book challenge: Characters I hate [edit]
Quels sont les cinq personnages que tu détestes le plus ?
Eh bien, j'ai dû me creuser la tête plus que je le pensais pour en trouver, en fait. J'ai fini par choisir :
Le pharmacien Homais, dans Madame Bovary (G. Flaubert). Lui vraiment, impossible de lui trouver la moindre qualité. Veule, ridicule... Le pire personnage d'une galerie déjà pas très tendre au départ.
Harold Lauder, dans The Stand (S. King). En fait ce n'est pas tant que je le déteste qu'il m'ennuie. Ils ont quand même déjà assez de problèmes comme ça, dans ce bouquin, sans qu'il soit besoin d'en rajouter. Du coup je saute les passages le concernant (je sais, je sais, "sacrilège !!!").
Mr. D., dans Les bébés de la consigne automatique (R. Murakami). J'ai mis lui mais j'aurais pu citer quasiment tous les personnages du livre ; Ryû Murakami, je n'y arrive pas. J'aimerais bien, parce que je vois bien toutes les qualités de son écriture et tout, mais pas possible. Trop outré, trop "regardez comme je suis bizarre et tordu". Je ne sais pas, je ne le trouve pas... sincère.
Jonas, dans Ce que le jour doit à la nuit (Y. Khadra). Oh là là, mais alors lui. Il passe tout le livre à geindre. Il ne fait jamais rien, y compris quand tout lui tombe tout cuit dans le bec... et se plaint ensuite d'être passé à côté de son destin. Ca faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas énervée comme ça.
Nigel dans Babel Tower (A.S. Byatt). Je me suis rendu compte ce matin que je n'avais que quatre personnages au lieu de cinq -- il y en a un qui a sauté de ma liste à l'étape rédaction... C'est donc Nigel, l'ex-mari de Frederica, une ordure qui bat sa femme, lui fait du chantage, la fait surveiller et manipule son entourage. Magnifique spécimen de macho rétrograde que pas grand'chose ne peut racheter, même pas l'amour qu'il porte à son fils.
dimanche 8 septembre 2013
661. 30-Day book challenge: Rattrapage
C'est bien marrant, cette histoire de défi, mais difficilement compatible avec une vie sociale :-). Du coup j'ai fait un post avec les questions de ces trois derniers jours, histoire de rattraper le retard. Normalement, à partir de demain ça sera de nouveau régulier -- jusqu'à la prochaine fois !
Un livre que tu as relu plus de trois fois
Cette question m'a fait un peu rire, vu que c'est le cas de quasiment tous les livres de ma bibliothèque. Mais j'ai choisi Miracle, de Kenji Nakagami, parce que c'est un auteur qui gagne à être connu -- même si ses écrits sont très durs et pas faciles d'accès. Il traite des burakumin, cette caste d'intouchables dont on connaît peu de choses ici ; un côté très sombre du Japon, loin des geisha ou des lolitas de Harajuku.
Miracle fait partie d'une série qui traite du quartier des Ruelles -- on appellerait ça une cité, je suppose, de nos jours, ou on parlerait du ghetto.
Drogue, trafics, prostitution, guerres entre clan mais aussi rivalité père-fils, liens fraternels... Vient se mêler à tout ça une sorte de magie -- ce n'est absolument pas un roman fantastique, mais l'auteur mêle les aventures de ses personnages aux cycles de la nature et à la religion bouddhiste, ce qui finit par donner une portée assez universelle à un bouquin qui peut sembler très "spécifique" dans son sujet.
Un petit extrait, traduit du japonais par Jacques Lévy, aux Editions Picquier :
"Après avoir remis les vêtements qu'il avait ôtés à la fille, il se dressa dans la pénombre de l'entrée en se portant vers la lumière qui pénétrait de la porte afin que la mère Ôryu puisse constater une à une combien laides et cruelles étaient les cicatrices : une plaie, pareille à la fêlure d'un vase, qui s'étirait de l'épaule jusque dans le dos ; une lésion qui apparaissait comme une brûlure sur toute la partie gauche de l'épigastre ; de fines traces au bas du nombril jusqu'au pubis comme si quelque démon l'avait éraflé avec ses ongles de fer".
Tes auteurs préférés
Je me suis limitée à cinq, sinon on n'en sortait pas. Hilary Mantel n'y figure pas -- je sais, c'est bizarre... mais je me disais que ce serait un peu malhonnête de ma part parce qu'elle a écrit plein de choses alors que je n'aime que ses romans historiques, donc bon...
A.S. Byatt
Stephen King
F. Scott Fitzgerald
Haruki Murakami
Gustave Flaubert
Ta couverture de livre favorite
C'est sans conteste celle-ci :
Ahab's Wife, donc, de Sena Jeter Naslund, aux éditions The Women's Press.
Et voilà ! A demain !
samedi 7 septembre 2013
660. Not forgetting
Listen, listen:
longing and loss. In the struck bell's
recurrent calling,
no moment in which to forget.
Izumi Shikibu, extrait de The Ink Dark Moon
jeudi 5 septembre 2013
659. 30-Day book challenge: Favorite characters
Quels sont tes cinq personnages préférés ?
Houlàlà comme j'ai galéré pour celle-ci. N'apparaissent pas forcément des persos de mes livres préférés -- déjà parce que parfois j'adore le livre mais je ne me sens pas forcément hyper-proche des personnages. Egalement pour apporter un peu de variété, sinon on va vite tourner en rond. Et j'ai préféré sélectionner des persos qui me donnent un peu envie d'être leur amie, en quelque sorte, s'ils existaient vraiment. Et donc, ça nous donne, au final :
Angelo Pardi, Le Hussard sur le Toit (J. Giono)
Ishmael, Moby Dick (H. Melville). Pour ces deux-là, j'avais déjà fait un post du même genre ici, avec toutes les raisons expliquées en détail, donc je ne vais pas me répéter.
Cassandra Mortmain, I Capture the Castle (D. Smith). Vraiment l'un des personnages les plus attachants que j'aie croisés dans des pages. Super vivante, drôle, réelle tout étant "trop bien pour être vraie" -- donc parfaite pour un livre. A chaque fois que je referme le bouquin j'ai envie de lui écrire pour voir comment ça va...
Taylor Greer, The Bean Trees et Pigs in Heaven (B. Kingsolver). Une petite nana rigolote, hyper-volontaire et qui ne se laisse -- presque -- jamais démonter. Ce ne sont sans doute pas les meilleurs livres de cet auteur (The Poisonwood Bible, notamment, est plus ambitieux), mais c'est une de mes lectures préférées en cas de plongeon de moral ou crise d'angoisse. Son petit ami Jax n'est pas mal vu non plus, d'ailleurs...
Emilia Tilsen, Music and Silence (R. Tremain). J'ai lu et relu ce livre -- je devrais peut-être le refaire, tiens, il y a longtemps que je ne l'ai plus ouvert. L'écriture et l'intrigue me plaisent énormément ; il y a des analogies à faire avec Hilary Mantel, maintenant que j'y pense -- ce sont des romans "historiques" sans en être, dans lesquels les personnages sont plus importants que l'exactitude scientifique. Et Emilia est un beau portrait de jeune fille, comme de l'eau tranquille mais profonde.
Bon, et je vais tricher un peu et faire une mention spéciale à Stu Redman, dans The Stand (S. King), que je mettrais presque ex aequo avec Taylor Greer, en fait.
mercredi 4 septembre 2013
658. 30-Day book challenge: Worse 5
Quels sont les cinq livres que tu aimes le moins ?
J'ai trouvé cette question difficile, parce que quand je n'aime pas un livre, en général, je ne le finis pas -- si j'arrive jusqu'au bout, c'est qu'il y avait quand même "quelque chose". Mais je me suis un peu creusé la tête, et voilà ce que ça donne :
Swastika, Yukio Mishima ; Mishima, j'aime bien comme il écrit, mais j'ai vraiment énormément de mal avec ses idées.
The Da Vinci Code, Dan Brown ; grosses ficelles, mal écrit, mode narratif ENERVANT... j'ai lu une page sur cinq et j'ai l'impression que le bouquin n'y a pas perdu grand'chose.
The Tommyknockers, Stephen King ; je suis une grande fan de S. King, mais celui-ci, pas moyen. Je l'ai trouvé à la fois dégoûtant et creux, et beaucoup trop long (mais à ce propos, je recommande la lecture de cet article -- et de toute la série d'ailleurs).
Méditations poétiques, Alphonse de Lamartine ; juste trop... poétique pour moi, je crois. Victor Hugo pareil, même si j'aime beaucoup ses romans.
Tous mes livres de maths depuis la 4ème.
mardi 3 septembre 2013
657. 30-Day book challenge: Top 10
Tes 10 livres préférés
Bon, je suis complètement crevée alors je vais juste faire la liste, sans commentaires de plus, et sans ordre particulier. Quand même, je suis soulagée que ce ne soit pas la question qui tue : "ton livre préféré", au singulier. Pas possible !!
(Et je me disais aujourd'hui que ce serait marrant de répondre au même questionnaire mais en remplaçant "livres" par "personnes" -- faire ça sur Facebook et regarder des familles se déchirer, des amis ne plus jamais se parler et ainsi de suite... Bref. Pardon. Long day at the office).
Et donc, without further ado, mes 10 livres favoris de tous les temps.
Possession (A.S. Byatt)
A Place of Greater Safety (Hilary Mantel)
Le Hussard sur le Toit (Jean Giono)
La Cavale (Albertine Sarrazin)
Notes de Chevet (Sei Shônagon)
Le Rêve (Emile Zola)
Jane Eyre (Charlotte Brontë
Moby Dick (Herman Melville)
The Lord of the Rings (J.R.R. Tolkien)
The Ink Dark Moon (Ono no Komachi, Izumi Shikibu)
Evidemment, j'en oublie et demain matin je me lèverai en disant "ah mais punaise il y a aussi..." mais tant pis !
lundi 2 septembre 2013
656. 30-Day book challenge: The Music of the Spheres
Quel est le livre que tu as le moins aimé l'an dernier ?
Je pense que c'est The Music of the Spheres, d'Elizabeth Redfern (ed. Arrow). On partait plutôt pas mal, pourtant : Londres en 1795, des réfugiés français fuyant la Révolution, le milieu des astronomes, les étoiles...
J'ai été plutôt déçue sur ce coup-là. Il s'agit en fait d'un roman policier (genre que je n'aime pas trop), avec un mystérieux tueur en série, un policier assoiffé de vengeance, un couple frère-soeur très énigmatique et ainsi de suite.
Dans l'ensemble, j'ai trouvé que les personnages manquaient de profondeur et que l'intrigue était menée avec peu de subtilité. C'est dommage -- les ingrédients sont là, c'est bien écrit... mais au final, le tout manque de vie.
dimanche 1 septembre 2013
655. 30-Day book challenge: Bring up the bodies
Bon.
*Prend une énorme inspiration*
Ce mois-ci, je me lance un défi, inspirée par Les Datalogs de Fisitron, qui a fait la même chose sur Facebook mais avec des comics. Cela consiste à répondre chaque jour à une question sur les livres qu'on a lus. Septembre a 30 jours, c'est la rentrée, le moment me semblait bien choisi.
J'ai trouvé la liste des questions sur internet, je vais essayer de tenir le rythme d'un post par jour... et je me suis dit aussi que j'allais essayer de ne pas parler des livres déjà mentionnés sur ce blog. Ce sera évidemment impossible pour certaines questions, mais bon, on va essayer. Ca commence d'ailleurs bien mal au vu de la première question...
Quel est le meilleur livre que tu as lu l'an dernier ?
Héééé oui, il est de Hilary Mantel -- auteur de A Place of Greater Safety. En l'occurrence, il s'agit de la suite de Wolf Hall, Bring up the Bodies.
J'attendais la sortie de ce bouquin avec impatience... et un soupçon d'inquiétude, tant le premier tome m'avait plus. Il n'y avait vraiment pas de quoi -- par certains aspects, il est encore meilleur que Wolf Hall. Plus profond, carrément effrayant par moment, sans perdre son humour discret et avec une vraie réflexion sur des thèmes pas faciles -- la politique, la dictature, la torture, la vengeance, ce que le pouvoir fait aux êtres, et ce qu'ils font aux autres en retour. Le tout sur le portrait d'un homme vraiment hors du commun, qu'on voit évoluer au fil des pages. L'écriture a aussi à mon avis gagné en qualité -- sachant que je trouvais déjà que le précédent était extraordinaire.
Donc, sans conteste le meilleur livre que j'aie lu l'an dernier (et déjà relu cette année !). Un petit extrait ci-dessous -- il est publié aux éditions Fourth Estate.
"When Wyatt writes, his lines fledge feathers, and unfolding their plumage they dive below their meaning and skim above it. They tell us that the rules of power and the rules of war are the same, the art is to deceive; and you will deceive, and be deceived in your turn, whether you are an ambassador or a suitor. Now, if a man's subject is deception, you are deceived if you think you grasp his meaning. You close your hand as it flies away. A statute is written to entrap meaning, a poem to escape it. A quill, sharpened, can stir and rustle like the pinions of angels. Angels are messengers. They are creatures with a mind and a will. We do not know for a fact that their plumage is like the plumage of falcons, crows, peacocks. They hardly visit men, nowadays."
vendredi 30 août 2013
654. Au pays des lacs
"Lorsque d'un coup de pied, l'année se défait de ses bottes
et le soleil grimpe encore, les arbres se couvrent
de feuilles, se gonflent de vent et naviguent en toute liberté."
"La Suède est un bateau qu'on a tiré
à terre, dégréé. Ses mâts se dessinent âprement
sur le ciel crépusculaire. Et le crépuscule dure plus longtemps
que le jour [...]"
"Le vent a pénétré dans la forêt de pins. Un murmure pesant et léger.
La Baltique murmure aussi au milieu de l'île, au fond de la forêt nous voici en haute mer".
"Chaque objet dispose d'une ombre nouvelle derrière
son ombre ordinaire et on l'entend la traîner, même
lorsque la nuit est noire."
"Les rochers. Là-bas, sur les lichens que chauffe le soleil, courent les bestioles, elles sont aussi pressées que l'aiguille des secondes -- le sapin jette une ombre, elle avance doucement comme l'aiguille des heures -- en moi le temps s'est arrêté, un temps sans fin, et le temps qu'il faut pour oublier toutes les langues et inventer le mouvement perpétuel."
C'était un bien beau voyage... (et toutes les citations sont de divers poèmes de Tomas Tranströmer, extraites de Il pleut des étoiles dans notre lit).
lundi 12 août 2013
653. Sweden
Hop, nouvelle absence : je pars en Suède pendant 15 jours, donc... pas de posts pendant cette période a priori ! (Et pas trop d'inspiration pour faire un ptit discours de circonstance, j'admets).
A bientôt quand même !
mercredi 7 août 2013
mercredi 31 juillet 2013
651. Mémoires de la marquise de la Tour du Pin
Mémoires
Henriette-Lucy de la Tour du Pin
Ed. Mercure de France
Je n'ai jamais rien écrit que des lettres à ceux que j'aime.
Je viens tout juste de commencer ce bouquin -- et c'est aussi l'une des toutes premières phrases dudit livre, donc je n'ai littéralement rien à dire sur le contenu (pour l'instant en tout cas).
Je trouve juste cette phrase très belle -- humble et magnifique à la fois. C'est aussi une manière très élégante de commencer un livre. Et un beau constat d'écrivain.
lundi 22 juillet 2013
650. En éventail
Bien alignés ou calleux
écaillés ou tout roses et ronds
multicolores ou se disant bonjour
french manucurés ou pleins d'ecchymoses
grecs ou égyptiens
bleuis-tordus ou poilus --
Ce matin dans le métro tout le monde
avait les orteils à l'air
lundi 15 juillet 2013
vendredi 12 juillet 2013
648. Mots qui ont disparu de mon vocabulaire
Bretelles - à part celles de mon soutien-gorge, voilà des années que je n'ai plus prononcé ce mot -- Boudine -- Gâteau de Savoie -- Spi, gouvernail et autres bômes, rapidement oubliés après mon seul et unique stage de catamaran au lycée -- Sandalette -- Repère orthonormé ; dire que j'arrivais à résoudre (ou à peu près) une équation complexe en terminale ! Maintenant je ne connais même plus les règles de factorisation -- Candy'Up -- "C'est toi le loup !" -- Cupule -- Barrette (ah bah oui, cheveux courts depuis la sixième…) - Cadenasser -- Ce ne sont pas des mots à proprement parler, mais les symboles "tirer" et "pousser" (impossibles à trouver dans les caractères spéciaux de Word) pour les coups d'archet au violoncelle - et autres instruments à cordes d'ailleurs - m'étaient complètement sortis de la tête, jusqu'à assister à un concert l'autre jour, où ils me sont soudain revenus en mémoire.
dimanche 7 juillet 2013
647. Sur les tatami
J'ai retourné le matelas
et aéré la pièce
Mais tous les soirs encore
je m'endors dans le parfum
de la paille de riz
samedi 22 juin 2013
646. Peonies
C'est bien au printemps
Qu'ils dévident leurs fils,
Les saules verdissants,
Et qu'en un beau désordre
S'ouvrent toutes les fleurs.
Anon., Kokinshû I ; 26
vendredi 21 juin 2013
645. The Flame Alphabet
The Flame Alphabet
Ben Marcus
Granta Books
Such erasure of one's appearances, how can it not seep into the interior, even a little bit? What treaty is it that finally separates those two territories, the hard resolve of our exteriors and the terrible disaster on our insides?
Je n'ai pas du tout aimé ce livre. D'habitude quand je n'aime pas je n'en parle pas, je ne vois pas trop l'utilité -- mais celui-ci est assez singulier et intrigant pour lui consacrer un post quand même.
C'est de la science-fiction en quelque sorte -- l'histoire d'un monde où le langage devient toxique, d'abord par les enfants, qui rendent leurs parents malades en parlant ; puis la maladie se répand, plus personne ne peut communiquer, même l'écriture contamine les lecteurs. La première partie du roman est consacrée à la description du phénomène par le narrateur (marié, avec une fille), la deuxième se déroule dans une sorte de laboratoire où un mystérieux professeur/gourou fait des recherches pour tenter de trouver un remède à la maladie -- avec la coopération pas franchement volontaire du narrateur.
Honnêtement, je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. On ne peut même pas dire que l'histoire soit une métaphore puisque tout est là : trop de communication tue. Rien n'est expliqué, rien n'est justifié ; j'ai trouvé le tout à la fois terriblement agressif et complètement vague. Quand je ne comprends pas un livre, c'est souvent "de ma faute" -- pas les bons repères culturels, pas assez d'application ou de patience pour suivre le raisonnement, etc. Mais là... je ne crois pas que ce soit le cas.
Il y a certes des trouvailles -- le langage "mort" s'accumule en sel dans les rues, par exemple, ou encore la phrase ci-dessus -- la seule qui m'ait touchée dans tout le livre. Aucune idée n'est poursuivie jusqu'à la fin, c'est comme si l'auteur soulevait des objets, les examinait un peu puis les laissait retomber. Se greffe en plus là-dessus une sombre histoire de secte juive -- mais là encore, c'est très mystérieux et pas franchement "creusé".
Sans doute aussi est-ce dû au fait que tous les personnages sont antipathiques ; le narrateur froid, sa femme inconsistante, leur fille tellement détestable qu'on a du mal à voir comment ils pourraient ne pas être ravis de devoir s'éloigner d'elle, le professeur absolument répugnant et immoral...
Bref, une lecture pas très agréable. C'est très bien écrit -- et c'est peut-être là la plus grande réussite du livre : à mesure que je lisais, les descriptions me rendaient vaguement nauséeuse -- faisant du récit une réalité !
dimanche 16 juin 2013
jeudi 13 juin 2013
643. 5 motifs de contentement ce soir
- Bientôt le nouvel album de Sigur Ros !
- Et Tricky a sorti un nouvel album aussi !
- Dans la mesure où je commets le pire crime de mode qui se puisse concevoir -- être grande ET ronde -- c'est un bonheur de trouver des fringues qui me vont, et notamment des pantalons assez longs. Merci Boden ! (En plus il y a des ronds de toutes les couleurs sur la doublure intérieure ; j'adore ce genre de détails "secrets", que personne ne sait sauf la personne qui porte le vêtement.) (Et vous, maintenant.)
- Arte est en train de diffuser un film avec des images de plongée sous-marine dans le Pôle Nord. Certes c'est sur la fonte des glaces, la fin du monde et le fait que c'est de notre faute, mais bon.
- Bientôt on est le 29 juin ! *Petite danse de la victoire*
mardi 11 juin 2013
642. Sur le capot d'une voiture
Minuscule sur le fond noir
une étoile vert pomme
-- c'est une araignée !
dimanche 9 juin 2013
641. Going home late in the evening
Par les fenêtres ouvertes
rires et conversations que j'emporte
avec moi par lambeaux
vendredi 7 juin 2013
640. A part ça...
"I once read that it's possible Jean Paul Marat suffered from a gluten intolerance which led to him being confined to his bath, which led to him being murdered, which led to him being painted Pieta-style with a bathtub instead of the Virgin Mary. Can you imagine, an old timey French dude just chowing down baguettes every day and wondering what the heck was the matter while all the doctors bang their heads on the wall?"
Mon fou rire silencieux du jour (je ne peux pas pouffer au bureau, que voulez-vous). Ca vient du blog Hark a Vagrant sur lequel je ne vais pas souvent mais qui me fait rire à chaque fois.
dimanche 2 juin 2013
639. Choses qui s'accordent
Le pardon -- Une tartine de beurre avec du miel -- Un bon bouquin, une tasse de thé et un jour de pluie -- Le pas de deux personnes qui s'aiment -- Le jaune et le gris -- Sa main en épousailles -- Le vent et la montagne -- Un kimono et son obi -- Un bouquet de fleurs -- Un violoncelle -- La princesse Leia et Han Solo -- L'encens et la mélancolie -- Le bénéfice du doute.
vendredi 31 mai 2013
638. Bad Weather II
Une averse comme un coup de rage
-- et sous les hallebardes
l'affolement des oiseaux
jeudi 30 mai 2013
lundi 27 mai 2013
mercredi 22 mai 2013
635. Chatter
Finally finally as I turn the TV off
something else living in the room
-- the silence beside me
mardi 21 mai 2013
mardi 14 mai 2013
633. Complainte de la vieille machine à laver
Je suis fatiguée ne m'en veuillez pas
tout ce linge que j'ai vu passer et les multiples insultes à mes mécanismes
Boutons en partance pièces oubliées tambours trop chargés
Ne m'en veuillez pas je suis fatiguée
De temps en temps je cale et ma propriétaire s'en vient
forcer le passage au cycle rinçage
Appuyée contre mon flanc elle dit oh là là
Il va falloir te changer
Je reconnais son jean
je l'ai lavé pas plus tard qu'hier
Je ne crois pas à la réincarnation une nouvelle viendra
qui ne sera pas moi mais moi tout de même
peut-être aura-t-elle un nom ce n'est pas mon cas
peu m'importe au fond je suis fatiguée ne m'en veuillez pas
Je gémis et me plains -- je ne me remplis plus aussi bien
d'étranges crissements montent de mes entrailles
à l'essorage je rue à faire trembler les murs
puis je tousse -- c'est ainsi que je m'éteins
J'essaie d'ignorer la flaque humiliante
qui de temps en temps s'élargit à mes pieds
Je remplis encore mon devoir mais le cœur n'y est plus
d'ailleurs je n'ai plus de coeur -- enfoui sous le calcaire il s'est tu avant-hier
Je rêve d'eau propre et de programmes courts
je ne voudrais plus servir qu'à décorer la cuisine
Ne m'en veuillez pas -- je suis fatiguée
vendredi 10 mai 2013
632. I Capture the Castle
I Capture the Castle
Dodie Smith
Virago Modern Classics
Rose wanted to take the furs straight back to the City by taxi, but there wasn't one to be seen and I was so ravenous that I persuaded her we ought to have something to eat first. We tottered to Oxford Street -- those furs certainly did weigh tons -- and found a place with nice white tablecloths and great round cruets. It was a bit of a business getting ourselves settled; we tried folding the furs and sitting on them, but then found we could reach neither the floor nor our plates. In the end we had to dump everything down beside us, which was rather unpopular with the waitress. But I did like the restaurant; most of the people eating there were unusually ugly, but the food was splendid.
Ce livre est difficile à résumer : c'est l'histoire de la famille Mortmain telle que contée par la fille cadette, Cassandra. Elle a une aînée, Rose, et un benjamin, Thomas. Il y a également son père, écrivain en panne d'inspiration, sa belle-mère, ex-modèle pour peintre, et le garçon de ferme, Stephen. Ils vivent dans un château mais sont absolument sans le sou. Et rien ne semble destiné à changer jusqu'au jour où une voiture tourne dans leur allée...
J'ai été surprise de constater que je n'ai encore jamais parlé de ce bouquin ici, alors que je l'aime tellement. J'essaie de ne pas le relire trop souvent, pour ne pas le "gâter" ! Et puis c'est un peu un plaisir coupable -- ce n'est pas un roman pour adultes à proprement parler, plutôt pour ados. Ceci dit, mon résumé ci-dessus est parfaitement réducteur et ne rend absolument pas justice à la profondeur des personnages, aux diverses intrigues qui se nouent et se dénouent, à l'humour et à la tendresse omniprésents, à la pointe de mélancolie et aux très jolies descriptions de l'Angleterre.
En ce qui me concerne, c'est relativement rare que j'éprouve autant d'affection pour des personnages, ou qu'une lecture me réchauffe aussi systématiquement le coeur. Si on ajoute à ça le petit côté exotique du lieu et du temps -- ça se passe dans les années 30, de sorte qu'il y a des points communs (voiture, téléphone, cinéma, etc.) mais totalement différents de notre époque -- et plein de rebondissements (un bain de minuit ! De l'amour ! Des cygnes ! Une attaque à la pelle à tarte ! Des Américains ! Un héritage ! Une Forme ! Un ours !!)... eh bien, je n'aurais qu'un conseil, en fait : lisez-le.
Et puis comment résister à un bouquin qui commence par "I write this sitting in the kitchen sink" et finit par "I love you, I love you, I love you" ?
lundi 22 avril 2013
631. 10 phrases qui font instantanément bouillir mon sang dans mes veines
- "Je vais payer par chèque".
- "Ah mais il a expiré hier, votre extrait d'acte de naissance, il nous en faut un nouveau, là". (Oui parce que c'est bien connu, depuis hier, je suis née au Kurdistan le 29 février 2013 et de sexe masculin de surcroît.)
- "Suite à une panne de signalisation, le trafic est ralenti dans les deux sens sur toute la ligne".
- "Voiture 12, place 67, Carré Enfants".
- "Error 562222145; document could not be saved".
- "Cette file-là c'est pour les colis. Vous devez refaire la queue à côté, pour les recommandés". (Et mettre un panneau pour le signaler dès l'entrée… non ? Bon.)
- "C'est marrant, j'étais sûre de t'en avoir parlé la semaine dernière, de ces 49 pages à relire pour demain."
- "20h45 - CSI:Las Vegas, saison 12 épisode 9. 21h45 - CSI:Las Vegas, saison 5 épisode 11. 22h45 - CSI:Las Vegas, saison 12 épisode 13." (Oui ça fait trois phrases, qui ne sont d'ailleurs pas vraiment des phrases. Mais c'est quand même hyper énervant).
- "Ah non là j'ai fini mon service et pis c'est pas ma route de toute façon." (Alors pourquoi t'as laissé la petite loupiote verte allumée pour indiquer QUE TON TAXI EST DISPONIBLE BON SANG DE BONSOIR DE SAPERLIPOPETTE).
- "Frigide Barjot n'exclut pas de se porter candidate aux municipales à Paris en 2014."
mardi 9 avril 2013
630. Choses familières
L'odeur du café -- En descendant du train, on reconnaît soudain, dans la foule, la personne qui est venue vous accueillir -- Se brosser les dents -- Tous les matins, on prend le même chemin pour se rendre au travail ; on se dit qu'on pourrait y aller les yeux fermés... ce qui n'est sans doute pas vrai. Tout de même, on repère immédiatement le moindre changement -- La paume de la main -- Lorsqu'on vit à l'étranger, on s'habitue petit à petit à l'environnement, aux aliments, aux sons. Et puis tout à coup, on tombe sur une petite chose de son pays d'origine : une marque de yaourt, une chanson dans un magasin, une personnalité à la télévision -- Une comptine -- Relire un livre maintes et maintes fois -- Les battements de coeur d'une personne aimée -- Enfiler un pull -- Un outil ou un instrument de musique qu'on retrouve, toujours le même sous les doigts -- L'écriture.
dimanche 7 avril 2013
629. Paon du jour
Everybody slower, pallid, a little incredulous
under the sun -- looking at newgrown hyacinths
while a single buttefly hovers by, miraculous
mardi 2 avril 2013
dimanche 24 mars 2013
627. Un cadeau
He hears the Cry of the Sedge
W.B. Yeats
I wander by the edge
Of this desolate lake
Where wind cries in the sedge:
Until the axle break
That keeps the stars in their round,
And hands hurl in the deep
The banners of East and West
And the girdle of light is unbound,
Your breast will not lie by the breast
of your beloved in sleep.
-------------------
C'est un peu triste, je sais... mais ça me trotte dans la tête depuis que je l'ai lu ce matin (dans Selected Poems de W.B. Yeats, Ed. Faber & Faber), alors je le mets ici.
samedi 23 mars 2013
lundi 18 mars 2013
mardi 12 mars 2013
mardi 5 mars 2013
623. Sans raison aucune
Parfois -- n'est-ce pas ? --
les fantômes qui nous accompagnent
se font plus présents
samedi 2 mars 2013
622. Juste là, au coin de ma paupière
A chaque ligne qui ne se lissera plus
j'apprends -- j'apprends
à décrisper mes regrets
jeudi 28 février 2013
621. A part ça...
Le principe de ce blog est désormais validé par les autorités scientifiques. Hé ouais !
mercredi 20 février 2013
620. Choses humbles mais luxueuses
Grignoter le quignon de la baguette en rentrant de la boulangerie -- Un baiser -- La pluie -- Aider un inconnu ; rien d'héroïque ni de dramatique, juste tenir une porte, porter une poussette dans les escaliers. Ou encore, dire merci à la caissière en le pensant -- La gentillesse -- Un bol de riz blanc, mangé à la japonaise : tout chaud, un peu collant, sans aucun assaisonnement -- Dormir au chaud -- Une chèvre du Cachemire -- Un après-midi, on se rend compte qu'on a du temps pour soi : pas de travail, pas de ménage, pas de tâche urgente, tout est réglé. Et on peut décider, tranquillement, ce qu'on va faire de ce temps. Peut-être rien, au fait.
Quand j'étais plus jeune, j'ai eu un job d'été comme serveuse dans une ferme-auberge. Il ne s'agit pas de jouer les Cosette parce que ce n'était de loin pas un calvaire (en fait j'y ai même travaillé deux années de suite), mais je dormais dans une chambre minuscule, sans chauffage, équipée d'un lavabo avec juste le robinet d'eau froide ; le lit était trop petit pour moi, je n'arrivais pas à dormir parce que mes jambes me faisaient mal après avoir passé la journée à courir en tous sens ; et à mesure que l'automne avançait, il fallait gratter le givre sur ma fenêtre... Mais tous les matins à l'aube, en ouvrant mes volets, je pouvais voir les montagnes et la brume qui se dissipait lentement entre les arbres.
vendredi 15 février 2013
mercredi 13 février 2013
618. 10 choses que j'ai apprises sur la Révolution
Il y avait des gens qui s'appelaient Anacharsis Cloots. Hé ouais.
Hérault de Séchelles et Louis Suleau : je n'arrive pas à me défaire de l'idée qu'ils étaient en poster chez les ados de l'époque. Je ne sais pas pourquoi.
J'aime bien que, jusqu'à présent, dans la majeure partie des ouvrages que j'ai lus sur le sujet, sobres et impartiaux ou enflammés et lyriques, on écrit Danton, Robespierre, Saint-Just, Mirabeau, Marat -- et puis juste Camille.
Robespierre a écrit une Ode à la Tarte. Hé ouais (bis). Allez, tiens, les premiers vers : "Je te rends grâce, ô toi, qui d'une main habile,/Façonnant le premier une pâte docile/ Présentas aux mortels ce mets délicieux".
Après, je ne sais pas si c'est devenu à ce point une obsession personnelle que je la vois partout, mais il me semble qu'on pourrait établir une sorte de "point Godwin" de la Révolution française.
Je me demande si on réalise à quel point ces gens devaient être fatigués. Mettre à bas un système, en inventer un autre, tuer (légalement) un roi, la paranoïa ambiante, la pression, les responsabilités, la disparition des repères, les réunions, les débats -- et en plus la vie, celle de tous les jours.
Mais à quoi pensait la reine quand elle a confié à son coiffeur la tâche de l'aider dans son évasion ?
Le mécanicien chargé de la fabrication de la guillotine était un Alsacien -- un Strasbourgeois, plus précisément.
Camille Desmoulins avait écrit : "Saint-Just porte sa tête comme le Saint-Sacrement". A quoi Saint-Just avait rétorqué : "je lui ferai porter la sienne comme Saint-Denis". Sur le papier, ça me fait rire. Dans la réalité, c'est atroce.
Mon admiration pour Hilary Mantel s'accroit de jour en jour -- parce qu'il en faut, du courage, pour se dire "je vais me mettre dans la tête de Robespierre/Danton/Cromwell/Anne Boleyn et écrire ce qui me vient". Et rendre le tout aussi terriblement palpitant et vivant.
mardi 5 février 2013
617. Agité, averses fréquentes
Torn and dishevelled, moving
so fast you can almost hear them
snap -- clouds in the wind
mercredi 30 janvier 2013
616. Random fact : Am Stram Gram
Rappelez-vous la comptine -- celle qu'on récite en faisant "plouf-plouf-plouf", pour décider qui sera le loup, dans le jeu. (Rappelez-vous aussi, au passage, les participants agenouillés en cercle, le bout des chaussures se touchant, la petite cérémonie où l'on fait bien attention de poser le doigt sur chaque pied tour à tour afin que la triche ne soit pas possible). Et maintenant...
"L'incantation antique au loup (qui se dit gram en vieux norois) sous sa forme développée est la suivante :
Emstrang Gram
Biga biga ic calle Gram
Bure bure ic raede tan
Emstrang Gram
Mos !
Le tan est la baguette du sort.
Le 'tan' en vieux norois est nommé en vieux français le 'brin' de la fée.
Si grain ou gram, en norois, nomme le loup, 'Mana gram' signifie le loup de la Lune. Dans le ciel le loup désigne l'étoile du soir qui poursuit la lune pour la dévorer. Le loup est la bête dévoratrice de l'enfer : Hel, Hell, Helle, Hellequin. Grain se lit encore, en français, dans Isengrin qui désigne le loup glouton dans la Chanson de Renard. On peut alors traduire mot à mot l'incantation :
Toujours-fort Loup
Viens viens j'appelle Loup
Arrive arrive je demande au tan
Toujours-fort Loup
Manger !"
Voilà ce qui arrive quand on lit du Pascal Quignard... (Les désarçonnés)
dimanche 27 janvier 2013
615. Promenade (bis)
Une fois n'est pas coutume sortie à St. François-Xavier
le soleil dans les yeux c'est le printemps
aujourd'hui seulement
Dans le square d'Ajaccio des haillons de neige sale
attendent de fondre au pied du Général Gouraud
je laisse les Invalides derrière moi et les canons
du Musée des Armées pointés dans le dos
je descends l'esplanade
A hauteur de l'Ambassade d'Autriche ça sent
la viande grillée et je retrouve l'Ambassade de Finlande
à sa place
Place de Finlande
Puis le Pont Alexandre III avec à chaque extrémité
une mariée
en mantelet de fourrure ses volants de tulle
traînant dans le sel et l'humide
Et au milieu, une gerbe de l'Ambassade d'Azerbaïdjan
-- décidément qu'y a-t-il aujourd'hui avec les ambassades --
Le Grand Palais le Petit Palais les Champs-Elysées
que je ne voulais pas emprunter mais comment faire sinon
L'Obélisque et un détour par la Librairie des Jardins
les Tuileries que je ne vois pas
car je regarde le Louvre
-- sauf Thésée une mouette sur la tête
Depuis tout à l'heure des allégories me font de l'œil
à tous les coins de toit
mais moi aussi
moi aussi héroïque
brièvement
des étendards plein la tête dans les jardins du Palais-Royal
mon manteau ouvert claquant autour de mon ombre
je regarde l'Opéra maintenant
-- Apollinaire Zola --
dans la ruelle un cuisinier sort ses poubelles en chantant
Au garde-à-vous rue de la Paix
je prends enfin le temps de me moucher
Les vitrines inaccessibles pour une fois
je m'en fiche je suis ce corbeau
qui se lisse les plumes devant le Théâtre Athénée
dans sa coquille de façades
je traverse au rouge
dans les rues désertées je suis la seule
à savoir où je vais j'évite
les photographes les poussettes
je marche dans les flaques
je regarde le ciel à travers la résille des arbres
et puis enfin là revenue
Regardant mes chaussures maculées de boue blonde
et l'ampoule qui enfle sur mon talon droit
mardi 22 janvier 2013
614. Angelmaker
Angelmaker
Nick Harkaway
Windmill Books
"Joshua Joseph Spork, by all that's holy! Good gracious you've been bound, what appalling brutality! A client of mine... I'm shocked. And you've been so cooperative in the face of such gross provocation. In this age of chat-show rage, Joseph, I believe that makes you a paragon of virtue. Isn't he a paragon of virtue, Mr Titwhistle? How do we spell that, by the way, for the writ? 'Titwhistle', not 'paragon'. Joe, congratulations, you're rich. Rodney here is going to give you all his money, or at least, all of his organisation's money. What organisation is that again? I suppose, ultimately, the Treasury? Well, then there'll be plenty, won't there? How very fortunate, although if you wouldn't mind having a word with the Chancellor, Mr Titwhistle, and letting him know not to buy any nuclear missiles or bail out any banks until we've settled, I'd be grateful, one wouldn't want there to be a shortfall. Yes, Mr Titwhistle, I am aware that you believe you are beyond such mundane considerations but allow me to assure you that, if we marked lawyers the way we do military aircrafts, I would have painted on my fuselage the outlines of a number of untouchable government departments now defunct. I am Mercer Cradle of the old established firm of Noblewhite Cradle, and I can sue anything. And is this your henchman? Do you know, I've always wondered what that means. How exactly does one hench? Is there a degree in henching or is it more of an apprenticeship?"
L'histoire de Joe Spork, qui met en marche sans s'en douter une terrible machine destructrice... et doit ensuite en sauver le monde avec l'aide d'une espionne de 90 ans et divers autres acolytes, dont un chien absolument terrible.
Impossible de ne pas penser à Neil Gaiman -- un type "ordinaire" (ordinaire ? Hmmmm...) embringué "par hasard" (par hasard ?? Hmmmm...) dans une histoire qui le dépasse, et qui croise plein de personnages hétéroclites, bons ou méchants, dans les rues de Londres (Londres ??? Hmmm... Non, je plaisante, ça se passe vraiment à Londres).
Tout de même, ce n'est pas juste du copié-collé. C'est steampunk -- là où Neil Gaiman aime plutôt mettre de la magie. Je préfère l'écriture de Gaiman, personnellement, mais ça ne veut pas dire que c'est mal écrit (cf. l'extrait) ; parfois ça semble un peu forcé, quand même, les effets comiques et les comparaisons astucieuses.
Mais je l'ai fini en un week-end : le suspense est ultra-bien mené, l'histoire se tient parfaitement, le principe de la machine destructrice est assez génial... D'une manière générale, on sent que l'auteur veut avant tout que son lecteur prenne du bon temps -- et ça, ça fait pardonner beaucoup de choses.
dimanche 20 janvier 2013
613. Alors oui mais en fait non
Bon eh bien, force est de constater que la formule "je publie chaque dimanche" ne me convient pas très bien.
Elle m'aura au moins appris que la "temporalité" (ouh le grand mot) est inséparable de ce que j'écris -- quand quelque chose me vient en tête, c'est lié à un instant, et si j'attends pour publier... ça n'a plus trop de sens, en fait. Je sais que ça ne change rien pour le lecteur, qui, par définition, n'est pas dans ma tête et ne vit pas le même instant, mais bon. Déjà ils ne sont pas très nombreux (mais je leur fais des biz !), et puis... ben c'est mon blog, après tout.
Donc, je vais revenir à l'ancienne formule -- et tant pis si le rythme est plus lent par intervalles, il faut que je m'y fasse. (En revanche, la résolution de mettre plus d'images tient, quant à elle). Voilà.
Et puis j'en profite pour dire merci à ceux qui me lisent depuis le début (ou depuis hier, d'ailleurs), tiens, puisqu'on y est. Sans vous tout ça n'aurait pas beaucoup de sens, au final.
samedi 19 janvier 2013
dimanche 13 janvier 2013
611. Points of view
In all four corners of the world
here we are saying
this is what should be done about
babies water brotherhood
money sleep aliens
and the common cold
All of which
None of which
is true
dimanche 6 janvier 2013
610. Choses de Londres
Le bruit de la Tamise sur les quais au crépuscule -- Toutes les nuances de gris, de l'os à l'anthracite ; Londres est une ville faite pour le mauvais temps, le scintillement de la pluie sur la pierre humide et le brouillard qui découpe d'autres reliefs -- Les paninis brie-bacon -- Rêver dans le fabuleux bric-à-brac du Victoria & Albert Museum -- Les ruelles louches, tout à coup, crades, avec un ruisselet innommable qui coule au milieu -- L'accent cockney et toutes les expressions qui vont avec -- Les librairies -- L'odeur du métro -- Liberty, ses façades à l'ancienne et ses escaliers de bois -- Le carillon Atkinson, près de Burlington Gardens, qui donne son petit concert à tout le quartier -- Les mélanges - de tout, architecture, vêtements, cuisines, populations, langages... -- Traverser Hyde Park à petits pas en longeant la Serpentine en compagnie des écureuils et des mouettes, avant de rejoindre Marble Arch et sa tête de cheval -- Les noms : Craven Alley, Cheval Place, Crouch End, Pimlico, Seven Dials...
mardi 1 janvier 2013
609. Bonne année !
Oui oui, on n'est pas dimanche... mais je voulais être à l'heure pour la nouvelle année !
Et donc, si vous passez par ici aujourd'hui, je vous souhaite plein de bonnes choses pour 2013 -- j'espère que tout ce à quoi vous pensez lorsque vous fermez les yeux en vous disant "j'aimerais bien..." se réalisera !
Pour bien commencer, un de mes morceaux préférés, Gorecki, de Lamb. Aucune allusion à ma vie personnelle ni rien du tout, c'est juste que j'aime énormément la progression de la mélodie et une certaine sérénité paradoxale dans les paroles. A écouter de préférence assez fort au casque... (sauf si vous avez trop la gueule de bois, hem hem).