Rappelez-vous la comptine -- celle qu'on récite en faisant "plouf-plouf-plouf", pour décider qui sera le loup, dans le jeu. (Rappelez-vous aussi, au passage, les participants agenouillés en cercle, le bout des chaussures se touchant, la petite cérémonie où l'on fait bien attention de poser le doigt sur chaque pied tour à tour afin que la triche ne soit pas possible). Et maintenant...
"L'incantation antique au loup (qui se dit gram en vieux norois) sous sa forme développée est la suivante :
Emstrang Gram
Biga biga ic calle Gram
Bure bure ic raede tan
Emstrang Gram
Mos !
Le tan est la baguette du sort.
Le 'tan' en vieux norois est nommé en vieux français le 'brin' de la fée.
Si grain ou gram, en norois, nomme le loup, 'Mana gram' signifie le loup de la Lune. Dans le ciel le loup désigne l'étoile du soir qui poursuit la lune pour la dévorer. Le loup est la bête dévoratrice de l'enfer : Hel, Hell, Helle, Hellequin. Grain se lit encore, en français, dans Isengrin qui désigne le loup glouton dans la Chanson de Renard. On peut alors traduire mot à mot l'incantation :
Toujours-fort Loup
Viens viens j'appelle Loup
Arrive arrive je demande au tan
Toujours-fort Loup
Manger !"
Voilà ce qui arrive quand on lit du Pascal Quignard... (Les désarçonnés)
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