Le principe de ce blog est désormais validé par les autorités scientifiques. Hé ouais !
"Règle générale, j'ai rapporté ce que j'avais observé de curieux dans le monde ; mais j'ai choisi, de même, ce qui me semblait de nature à montrer la splendeur des hommes, et j'ai parlé encore des poésies, des arbres, des herbes, des oiseaux et des insectes." -- Sei Shônagon, Notes de Chevet
Le principe de ce blog est désormais validé par les autorités scientifiques. Hé ouais !
Grignoter le quignon de la baguette en rentrant de la boulangerie -- Un baiser -- La pluie -- Aider un inconnu ; rien d'héroïque ni de dramatique, juste tenir une porte, porter une poussette dans les escaliers. Ou encore, dire merci à la caissière en le pensant -- La gentillesse -- Un bol de riz blanc, mangé à la japonaise : tout chaud, un peu collant, sans aucun assaisonnement -- Dormir au chaud -- Une chèvre du Cachemire -- Un après-midi, on se rend compte qu'on a du temps pour soi : pas de travail, pas de ménage, pas de tâche urgente, tout est réglé. Et on peut décider, tranquillement, ce qu'on va faire de ce temps. Peut-être rien, au fait.
Quand j'étais plus jeune, j'ai eu un job d'été comme serveuse dans une ferme-auberge. Il ne s'agit pas de jouer les Cosette parce que ce n'était de loin pas un calvaire (en fait j'y ai même travaillé deux années de suite), mais je dormais dans une chambre minuscule, sans chauffage, équipée d'un lavabo avec juste le robinet d'eau froide ; le lit était trop petit pour moi, je n'arrivais pas à dormir parce que mes jambes me faisaient mal après avoir passé la journée à courir en tous sens ; et à mesure que l'automne avançait, il fallait gratter le givre sur ma fenêtre... Mais tous les matins à l'aube, en ouvrant mes volets, je pouvais voir les montagnes et la brume qui se dissipait lentement entre les arbres.
Hérault de Séchelles et Louis Suleau : je n'arrive pas à me défaire de l'idée qu'ils étaient en poster chez les ados de l'époque. Je ne sais pas pourquoi.
J'aime bien que, jusqu'à présent, dans la majeure partie des ouvrages que j'ai lus sur le sujet, sobres et impartiaux ou enflammés et lyriques, on écrit Danton, Robespierre, Saint-Just, Mirabeau, Marat -- et puis juste Camille.
Robespierre a écrit une Ode à la Tarte. Hé ouais (bis). Allez, tiens, les premiers vers : "Je te rends grâce, ô toi, qui d'une main habile,/Façonnant le premier une pâte docile/ Présentas aux mortels ce mets délicieux".
Après, je ne sais pas si c'est devenu à ce point une obsession personnelle que je la vois partout, mais il me semble qu'on pourrait établir une sorte de "point Godwin" de la Révolution française.
Je me demande si on réalise à quel point ces gens devaient être fatigués. Mettre à bas un système, en inventer un autre, tuer (légalement) un roi, la paranoïa ambiante, la pression, les responsabilités, la disparition des repères, les réunions, les débats -- et en plus la vie, celle de tous les jours.
Mais à quoi pensait la reine quand elle a confié à son coiffeur la tâche de l'aider dans son évasion ?
Le mécanicien chargé de la fabrication de la guillotine était un Alsacien -- un Strasbourgeois, plus précisément.
Camille Desmoulins avait écrit : "Saint-Just porte sa tête comme le Saint-Sacrement". A quoi Saint-Just avait rétorqué : "je lui ferai porter la sienne comme Saint-Denis". Sur le papier, ça me fait rire. Dans la réalité, c'est atroce.
Mon admiration pour Hilary Mantel s'accroit de jour en jour -- parce qu'il en faut, du courage, pour se dire "je vais me mettre dans la tête de Robespierre/Danton/Cromwell/Anne Boleyn et écrire ce qui me vient". Et rendre le tout aussi terriblement palpitant et vivant.
Torn and dishevelled, moving
so fast you can almost hear them
snap -- clouds in the wind