- On se met à penser -- voire à parler -- dans le style du livre qu'on lit.
- On fait des recherches compulsives sur... tout : l'auteur, la période (en cas de livre historique), les citations, les allusions dans le livre, les allusions au livre, les personnages, le pays -- tout. On lit d'autres livres, on cherche des films, on écoute de la musique. Un peu comme une pierre jetée dans l'eau ; et la connaissance s'étend ainsi, en cercles concentriques.
- On se dit -- dans les cas extrêmes -- qu'on appellerait bien ses enfants comme tel ou tel personnage.
- On ne veut plus rien lire d'autre. Il m'est arrivé (c'est rare, mais tout de même) de recommencer un livre au début à peine la dernière page terminée.
- On aurait voulu l'écrire, ce livre. En même temps, il est si délicieux de le lire !
- On tombe un peu amoureuse de tel ou tel personnage.
- La vie réelle ne le semble plus tant ; désormais, ce sont l'histoire et les signes marqués sur le papier qui palpitent.
- On se dit "je finis ce chapitre et je dors" à chaque chapitre, et on lève le nez, surprise, quand l'aube pointe à travers les volets.
- On fait des pélerinages littéraires sur le lieu d'une intrigue ou bien là où vivait l'auteur (j'aimerais signaler ici que j'adorais le Louvre et les Tuileries avant de lire A Place of Greater Safety).
- Il faut une petite période d'adaptation, de vide, avant de se replonger dans un autre ouvrage, un autre auteur.
- On essaie de faire d'autres convertis, avec zèle.
"Règle générale, j'ai rapporté ce que j'avais observé de curieux dans le monde ; mais j'ai choisi, de même, ce qui me semblait de nature à montrer la splendeur des hommes, et j'ai parlé encore des poésies, des arbres, des herbes, des oiseaux et des insectes." -- Sei Shônagon, Notes de Chevet
dimanche 25 novembre 2012
604. 10 Signes de l'obsession littéraire
dimanche 18 novembre 2012
603. Choses délicates
Une toile d'araignée où perle la rosée -- Le Journal d'Izumi Shikibu -- Un pétale de fleur -- Annoncer une nouvelle désagréable à quelqu'un qu'on apprécie -- Le coin externe de l'oeil -- Broder des perles -- Un ruban de dentelle -- L'arôme d'une tasse de Darjeeling Himalaya Black Magic -- Restituer toutes les nuances d'un texte que l'on traduit -- La membrane qui tapisse une coquille d'oeuf -- L'équilibre entre les êtres -- Une tenue parfaitement choisie, jusqu'au bijou qui la termine -- L'oreille d'un chat.
dimanche 11 novembre 2012
602. Choses du sommeil
Prendre une douche et se glisser juste après dans des draps lavés de frais et bien repassés -- Le moment où l'on s'endort est parfaitement délicieux ; avant de lâcher prise, quand on s'enfonce dans des flocons de sommeil, et que plus rien ne compte -- Se réveiller naturellement, avec le soleil qui filtre au travers des volets -- On a un gros souci ; on s'endort malgré tout, on ne rêve de rien ; au matin, pendant une fraction de seconde, un battement de coeur, on est cette personne pour qui tout va bien - puis la réalité nous rattrape -- Parfois l'insomnie est intéressante ; on est tout seul ; on se dit que sans nous pour veiller, le monde ne tournerait pas -- Un lit où quelqu'un vous attend -- Poser son livre, éteindre la lampe et se retourner -- Il faudrait écrire une ode à la gloire des bouillottes durant les nuits d'hiver (mais elles rendent le lever bien difficile) -- Un dimanche, se réveiller, lire un peu, grignoter un biscuit, et puis se rendormir -- Dormir quand on a beaucoup de fièvre : on fait des rêves qui dépassent en étrangeté tout ce qu'on a rêvé auparavant - a-t-on vraiment rêvé d'ailleurs, et est-on désormais éveillé ? -- Les lits américains, gigantesques, avec quatre oreillers que l'on peut disposer à sa guise -- Un édredon bleu de roi.
dimanche 4 novembre 2012
601. Fleurs
Les tulipes, quand elles sont encore en boutons bien serrés, et blanches, presque vertes -- N'importe quel arbre en fleur au printemps, à l'exception du magnolia -- La gentiane -- L'iris pour le parfum qu'on en extrait -- La gloire du matin (asagao en japonais) -- La violette -- Les hydrangéas (qui je crois est juste un mot légèrement moins moche pour "hortensias"), mais uniquement ceux qui ont des couleurs un peu passées, comme du vieux parchemin ou des ailes d'insectes fanées -- Les fleurs des champs quand elles sont très nombreuses -- Avant j'aimais beaucoup les roses, mais ça m'a passé ; désormais, c'est la pivoine que je préfère, surtout en anglais : peony.