"Because", he said, "I sometimes have a queer feeling with regard to you -- especially when you are near me, as now: it is as if I had a string somewhere under my left ribs, tightly and inextricably knotted to a similar string situated in the corresponding quarter of your little frame. And if that boisterous channel, and two hundred miles or so of land come broad between us, I am afraid that cord of communion will be snapt; and then I've a nervous notion I should take to bleeding inwardly. As for you, -- you'd forget me".
-- Jane Eyre, Charlotte Brontë
Bon, je vais commencer par ce que j'ai bien aimé -- oui, je suis allée voir Jane Eyre au cinéma. Claire n'a pas aimé, mais voici ce que j'en ai pensé : déjà, Mia Wasikowska est juste parfaite pour le rôle. Michael Fassbender (que j'apprécie énormément par ailleurs) fait de son mieux, mais depuis que j'ai appris l'existence de Dominic West -- grand, l'air sardonique, brun, yeux noirs et originaire du nord de l'Angleterre --, je ne comprends pas pourquoi on se fatigue à prendre quelqu'un d'autre. J'ai également bien aimé le fait que ce soit si "gothique", sombre, vieilles pierres et brouillard, conforme au roman et à l'époque littéraire.
Mais.
Pour moi, l'intérêt de Jane Eyre, c'est qu'on partage la vie intérieure de l'héroïne -- ses doutes, ses dilemmes, ses colères, ses tristesses et ainsi de suite. C'est un livre à la première personne ; elle nous livre ses pensées. Et la lecture, n'est-ce pas... se fait par la pensée. Le mot qui me vient, c'est l'intimité -- entre l'héroïne et le lecteur, entre l'auteur et le lecteur. Et c'est totalement impossible à recréer au cinéma. Les images sont magnifiques et les acteurs très très bons, mais on reste à l'extérieur ; on observe. Comme en plus le réalisateur a supprimé -- à mon avis -- tout l'humour, et aussi toute la vraie vigueur, la vivacité qu'on trouve dans le bouquin... Au final il ne reste qu'un mélo un peu banal, quoique très élégant.
Je me demande ce qu'en ont pensé ceux qui ne l'ont jamais lu.